BLOG GÉANT POUR GÉNÉRATIONS FUTURES

Génial ! Qu’en dites-vous?
Ce matin, je lisais dans un quotidien que: La population britannique était invitée à participer au plus grand « blog » de l’Histoire destiné à laisser aux générations futures les traces d’une journée classique en Grande-Bretagne au XXIe siècle et qui sera conservé à la British Library. »
Lancée par des organisations britanniques de protection du patrimoine, le projet « One day in History » ( un jour dans l’Histoire) a invité tous les habitants du Royaume-Uni à enregistrer la chronique de leur journée du 17 octobre sur un blog commun .
http://www.history-matters.co.uk.
La participation des blogueurs permettra de faire une « photo électronique géante » de la société. Ils attendent environ 100 000 contributions. Elles peuvent être déposées jusqu’au 31 octobre et doivent comporter entre 100 et 650 mots.
CHEZ BLOG50
À la lecture de ce projet, je me suis dit : Ce serait formidable de savoir, par exemple, à quoi ressemblait la vie des blogueurs de Blog50 quand ils avaient vingt, trente ou quarante ans. Pourquoi pas y ajouter photos de l’époque?
J’attends vos commentaires.

LE FESTIVAL DES ROBES DE BAL

Vous êtes grand-mère, vous êtes disponible, vous conduisez une voiture, vous avez un petit « budget commandite… » je parie que vous serez l’heureuse élue. Vous accompagnerez votre graduée de petite-fille, non pas au bal, mais choisir sa robe de bal.
C’est généralement en février, durant la « semaine de relâche » que la chasse aux robes de bal a lieu. Elles sont des milliers de gamines à prendre d’assaut les boutiques et les grandes surfaces, escortées de leur vénérable aïeule. Rappelez-vous : disponibilité, voiture et petit « budget commandite. »
Vous avez beau proposer au Trésor l’invasion d’autant de centres commerciaux qu’il s’en trouve à vingt kilomètres à la ronde, « grand-maman, c’est sur la rue Saint-Hubert qu’il faut aller! »
La Pichounette a raison. Vous vous ralliez et conduisez l’illustre princesse vers le lieu de prédilection. Il se trouve à cinquante minutes de chez vous. Ajoutez à cela les deux ou trois feux terriblement jaunes que vous avez grillés, et vous y voilà.
Vous n’avez pas mis les pieds rue Saint-Hubert depuis la naissance de votre dernier qui a quarante ans aujourd’hui. C’était l’époque où vous fréquentiez la célèbre madame Lalongé, spécialisée en vêtements pour les jeunes. Si, à bien y penser, vous avez arpenté la rue Saint-Hubert une autre fois, lorsque vous avez accompagné la fiancée de fiston pour acheter sa robe de mariée, il y a au moins dix ans de cela.
Revenons à notre robe de bal. Nous sommes en pleine vague de froid. Moins 15 ° Celsius, prédisait sadiquement « Miss Météo », une heure avant votre départ. N’étant pas du type Brigitte Bardot, vous emmitouflez votre petite personne dans votre amour de castor qui vous rappelle constamment la publicité de Bell à l’heure des Jeux olympiques 2006. Vivant en banlieue, vous avez oublié que les trottoirs de la Plaza sont dégagés. Vous voilà chaussée de vos bottes après-ski fourrées de laine de mouton et lacées jusqu’aux mollets.
Dieu vous aime. Vous trouvez un stationnement de rêve avec vue sur au moins cinq boutiques d’affilée. C’est à qui étalerait les plus belles robes de bal dans sa vitrine.
La fille de votre fille est aux anges. Donc, vous êtes automatiquement aux anges vous aussi.
Une boutique n’attend pas l’autre. Vous vous précipitez sur la première. Holà! C’est inscrit de retirer vos chaussures à l’entrée. Malheur! Ce sera partout la même consigne. Il n’en faut pas plus. Après avoir délacé puis retiré péniblement vos précieuses bottes pour finalement les abandonner parmi tant d’autres, voilà que s’amène cette ancienne donzelle, sûrement une danseuse de bar dans sa vie antérieure. Elle vous accueille avec un « bonjour la belle madame ». La salutation est loin de plaire à la va-nu-pieds.
Pour vous permettre de déambuler agilement dans ce capharnaüm de robes de bal, on vous propose de glisser vos petits petons déjà mouillés dans des machins de papier brun qui ne vous tiennent pas dans les pieds. De toute façon, il est trop tard. Vos Dim Voile Pointes Invisibles, 7,95 $ avant taxes, sont déjà détrempés. À la fin de la journée, ayant répété le rituel cent fois – j’exagère un peu – les misérables seront définitivement troués.
De nature optimiste, vous cherchez toujours le beau côté des choses. Courir une robe de bal — le verbe n’est pas trop fort — peut devenir une sortie mondaine très agréable, et je vous dis pourquoi.
Au fur et à mesure que l’heure passe, vous vous rendez compte que vous faites dorénavant partie de la horde des « magasineuses » de robes de bal. Que d’une boutique à l’autre, vous vous retrouvez les mêmes grands-mères! Tandis que votre Héritière se glisse dans la cabine d’essayage — vous savez par expérience qu’il lui faudra un bon petit moment pour en ressortir —, vous vous hâtez de retrouver vos consoeurs de fortune et reprendre la conversation là où vous l’avez laissée deux portes plus tôt.
J’y pense, il faut que je vous dise. Vous, la nostalgique, qui regrette l’époque de votre jeunesse et la mode des robes « strapless », des jupes ballerines et des crinolines, consolez-vous, Barbie les a ressuscitées et les Pichounettes en sont folles.
Des splendeurs « Made Ailleurs » aux couleurs d’arc-en-ciel taillées dans des tissus vaporeux, chatoyants, somptueux : tulle, satin, soie et dentelle. Des chefs-d’œuvre ornés de rubans, de pierreries, de perles, de broderie, je vous jure, Barbie n’en demanderait pas plus.
Revenons à notre chemin de croix. Pour la septième ou huitième fois, Dieu sait, vous retirez vos lourdes bottes. On ne parle plus de vos « Dim ». Vous avez encore la force de réfléchir. Comme chez votre coiffeuse et votre esthéticienne, pourquoi ne pas mettre à votre portée ces malheureuses Phentex (sorte de pantoufles crochetées) qui, soit dit en passant, sont préférables aux machins de papier brun que vous devez enfiler et qui vous rappellent, une fois de plus, vos visites chez votre dentiste ou votre gynéco.
Sur la pointe des pieds, même si vous n’avez rien de la ballerine, vous revoilà transportée dans ce monde de rêve « dis-moi miroir, suis-je la plus belle? » Ce n’est plus vous. C’est votre petite-fille qui prépare son premier bal. Vous, vous êtes la bonne fée.
La bonne fée qui, trois heures plus tard, a l’impression que les jambes lui rentrent dans le corps, pour reprendre l’expression de votre mère à vous, quand elle magasinait avec la mère de votre petite-fille. Une fois affaissée dans le fauteuil qui vous tend les bras, vous admirez votre jolie Cendrillon se métamorphosant en princesse aux cinq minutes. Vous vous délectez à la vue de cette adorable jeune fille et, dans un soupir bienfaisant, remerciez les dieux de l’avoir faite aussi belle.
Comme si elle avait l’éternité pour faire son choix, rêveuse, elle se contemple dans la glace, prenant conscience de sa grâce et de sa féminité.
Quelle grand-mère, même un peu lasse, ne pourrait pas sourire à sa petite-fille, et s’en émerveiller!
C’est le bonheur total, jusqu’au moment où vous vous rappelez que le parcomètre doit crier famine. Vous enfilez fébrilement vos coûteuses bottes, jurez au Trésor de revenir à l’instant, vous disant : « tant pis si j’ai une contravention; d’avoir passé une journée avec ma petite-fille, ça en vaut bien le coût! »

VOGUE LA GALÈRE


Posséder un bateau, c’est naviguer dans un autre monde. Un monde qui n’a pas les pieds sur terre. Un monde qui flotte, tantôt sur les eaux, tantôt sur les nuages.
Pour célébrer la presque fin des vacances, convaincus que nous avions fait nos classes maritimes avec succès, – on se souviendra de l’épopée «Quand le bateau s’en va » – Capitaine et moi, le Mousse émérite, avons décidé de pousser l’aventure à son max.
C’est là où j’ai découvert le monde des bateaux en le regardant vivre… J’y reviendrai un jour.
Mais d’abord, il faut que je vous dise.

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Ayant passablement maîtrisé le Sidewinder de seize pieds (4,9 mètres) de madame Fille et de monsieur Gendre, pourquoi ne pas nous aventurer et mener à bon port une péniche de quarante-six pieds linéaires (14 mètres), avons- nous pensé.
« À cœur vaillant, rien d’impossible » pouvons-nous lire dans la pierre au palais du célèbre Jacques Cœur de notre histoire de France. C’était sa devise, j’ai cru opportun de la faire mienne.

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Avant de poursuivre mon récit, il vaudrait mieux que vous connaissiez le but de cette croisière de rêve. Partir à la découverte des célèbres Îles-du-Saint-Laurent, appelées les Mille-Îles égrenées de Brockville à Kingston, Ontario.
On n’a qu’à penser à l’histoire merveilleuse et tragique entourant le Boldt Castle érigé dans la baie d’Alexandria sur Heart Island, une île en forme de cœur.

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De quoi faire rêver et pleurer toutes les princesses sur terre.
Un projet du genre vaut bien la présence d’un équipage sélect soit celle de six de nos petits-enfants. Quelle chance! Ils acceptent avec enthousiasme de vivre avec les grands-parents sept jours et sept nuits de rêve. Par ordre chronologique :
Fiona la fion fion, six ans,
William, dix ans, le photographe hors pair, vous verrez….
Les treize ans : Anthony le dévoué,
le comique et Sinead, la débrouillarde, la soprano.
Suivent les quinze ans : Tanya l’artiste, la vedette et
Rachel l’écrivaine, la forte de l’évangile.
Pour réaliser notre rêve, il y a Pippen II, patronyme de notre monstre marin qui dort paisiblement au quai n’exigeant rien de plus pour prendre le large que sept cents litres d’essence et quelques manœuvres agiles de la part du Capitaine, toujours le même, l’homme de ma vie.

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En moins de temps qu’il faille pour crier holà! l’équipage monte à bord, inspecte l’embarcation de la poupe à la proue, choisit sa couchette, case son butin, accepte le rôle qui lui est assigné par Maître après Dieu et, nous voilà prêts pour l’aventure. Six têtes à peu près blondes, six personnalités, six caractères auront à mettre en commun leurs préférences culinaires, leur rythme de vie, leurs talents.
« Évitez les marinas, vous êtes un peu gros » prévient le patron au moment de remettre le navire entre les mains de mon valeureux Capitaine qui a reçu soixante petites minutes de formation intensive.
L’heureux élu peut désormais aller en paix. La navigation n’a plus de secrets pour lui. Il sait maintenant faire marche avant, contourner les bouées, faire marche arrière, volte-face au besoin et, surtout, amarrer sans risquer d’esquinter les fragiles débarcadères ou encore la coque d’une coûteuse embarcation.
La joie est au comble. Les eaux sont limpides, les couchers de soleil à couper le souffle, les clairs de lune à faire rêver Debussy, les îles de la taille d’une coque de noix, font tourner la tête des princesses, tandis que les gars se meurent d’y jouer les Robinson Crusoé.
Notre Pippen II, pour sa part, se complaît à louvoyer entre les îles, mouillant sur demande pour permettre aux six pirates émerveillés de fouiller de fond en comble les minuscules refuges fauniques. C’est le bonheur total.
J’oubliais de vous dire.
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Nous étions huit au départ de la croisière. Nous, les ancêtres, quatre princesses et deux moussaillons. Ce sont ajoutés au cinquième jour, madame Fille, monsieur Gendre et leur « Sidewinder » Durant les jours qui suivent, à la roue du cent trente-cinq forces, monsieur Gendre s’en donne à cœur joie au grand ravissement des matelots en puissance ayant droit à de fougueuses randonnées maritimes.
Nous sommes samedi. Un samedi inoubliable. Le temps est superbe. Croiser un paquebot n’effraie plus Capitaine. Nous déchiffrons les cartes maritimes mieux que la voyante lisant dans les lignes de la main. L’enthousiasme aidant, le mot est lancé : Kingston! « Si nous allions dîner à Kingston au resto indien en souvenir du passage du général Garde-À-Vous au Royal Military College » Général Garde-À-Vous, c’est le surnom affectueux que je donne en cachette à mon petit-fils Guillaume.
Voilà un périple qui séduit l’équipage

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Sitôt dit, sitôt fait, Pippen II et Sidewinder lèvent l’ancre. Le lièvre et la tortue se donnent rendez-vous à la marina de Kingston.
D’une vague à l’autre, d’une bouée à l’autre, d’un phare à l’autre, Pippen II vogue allègrement vers son destin. Je n’ai pas dit vers sa destination. Vous comprendrez pourquoi…
Au moment où pointent à l’horizon les bâtiments de la base militaire, ce qui aura exigé de notre galère deux bonnes heures de navigation, notre Seize Pieds ouvre les moteurs à fond de train, rejoint la marina, se laisse accoster comme un charme, puis attend les lambins pour les accueillir à bras ouverts.

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À la roue de Pippen II, Capitaine au long cours est heureux comme un armateur grec. À ses côtés, son Mousse, toujours la même, un œil sur les bouées, l’autre scrutant l’horizon et tout ce qui flotte à perte de vue. Vous seriez étonnés de voir…
Soit dit en passant, j’ai maîtrisé le vocabulaire marin. Dès lors, c’est avec désinvolture que je lance au besoin : à bâbord ou à tribord, même si j’ai encore du mal à différencier ma gauche de ma droite. En retrait, madame Fille révèle ses talents de navigatrice chevronnée surveillant d’un œil de lynx les manœuvres du paternel.
En parlant des manœuvres du Capitaine, le septième jour, Fiston, père de Rachel et Anthony se joint à nous. Fiston est l’As du catamaran. Rien à son épreuve. Imaginez qu’il a faillit mourir de peur quand son modèle de père chassa tous les oiseaux en train de se dorer au soleil. On aurait cru que Pippen II n’avait pas vu, à bâbord, le phare refuge où ils étaient perchés. Il y avait même un énorme nid au sommet. Moussaillon avait pourtant averti Capitaine à trois reprises de s’éloigner de l’obstacle.
Remarquez que nous ne sommes pas à une émotion près. Au fait, voici une anecdote chargée d’émotions. En cours de route (maritime pour être plus précise), Capitaine prend soudainement panique.« J’ai l’impression que je ne peux plus contrôler le navire. J’ai beau tourner, tourner, tourner, pour aller vers la gauche, rien à faire » Déboussolé, le pauvre homme en vient même à ignorer les termes marins et recourir à sa gauche et à sa droite pour décrire ce qu’il vit. Dans les circonstances, je préfère oublier ses écarts de langage.
Comme par hasard, s’amène la bordée, morte de rire, confessant être montée sur le pont supérieur où se trouve la deuxième roue de navigation. Vous devinez le reste. L’équipage s’est emparé des commandes de Pippen II, ignorant l’impact du geste sur les nerfs de l’Aïeul déjà en train d’envisager un naufrage.
Soulagé de savoir que notre Baleine n’ira pas échouer sur un récif, l’Ancêtre reprend son souffle et remercie le ciel de sa clémence.
Pour revenir à notre destination, l’équipage du Sidewinder, formé de monsieur Gendre et des deux mousses, devance notre arrivée de plus de trente minutes. Nos trois plaisanciers sont déjà au garde-à-vous sur le quai de l’impressionnante marina, les yeux fixés sur l’horizon, prêts à nous accueillir à bras ouverts.
Me croirez-vous? Réussir à amarrer dans une honorable marina notre vagabond de House boat, appellation ontarienne, cela équivaut à pénétrer dans une cathédrale sur la pointe des pieds, avancer jusqu’à la balustrade sous le regard glacé des vénérés saints figés dans le plâtre pour l’éternité, en s’abstenant de profaner le silence qui y règne.
C’est bien ce que je ressens à l’instant où Pippen II, à force d’innombrables et périlleuses tentatives, réussit finalement à se faufiler dans le corridor étroit protégé par un coupe-lame, puis tout en se laissant ballotter par le vent et le courant, atteindre le havre d’accotement. À l’intérieur de cette extravagante marina, nous attend une horde d’intimidants palais flottants.
Pippen II a beau se faire petit, aux yeux de tous, il a l’allure d’un terrifiant requin.
Pas besoin de dire que notre arrivée soudaine dans ce sanctuaire béni des dieux ne passe pas inaperçue. Loin de là, elle provoque même quelques scènes rocambolesques.
En parlant de l’accueil, j’ai spécifié les bras ouverts n’est-ce pas? Les bras ouverts pas pour longtemps. Je vous le jure. À compter du moment où notre royaume flottant franchit le fameux corridor, pour aboutir dans la marina et se rapprocher un peu plus du quai, monsieur Gendre n’a plus assez de ses deux bras pour attraper les amarres que lui lancent, à tour de rôle, les princesses affolées. Pendant ce temps, notre Délinquant n’en fait qu’à sa tête.
L’heure est grave! On ne rit plus!
Pour mon bourlingueur de mari, plus question de faire marche arrière. De toute façon, nous n’avons plus la latitude nécessaire à un revirement. N’écoutant que ses vieux instincts de marin, « À la guerre comme à la guerre » lance t-il à tout venant.
« Évitez les marinas » Trop tard maintenant. De toute façon, plus les minutes s’écoulent, plus Pippen II tangue au gré des flots, plus il a de matelots autour, et plus ils sont nombreux à donner des ordres au Capitaine en détresse.
Please go back! Back up! D’autres crient d’avancer, d’autres de tourner à droite, à gauche. Don’t dock here! No room for your boat! Get your rear end out of the way from the other boats! Ils sont maintenant une armée entière à vouloir diriger les manœuvres et retenir les câblages.
« Y a t-il quelqu’un qui parle français? » s’exclame en désespoir de cause l’un des commandants croyant que mon irlandais de mari ne comprend pas les consignes transmises dans la langue de Shakespeare.
Mon vieux loup de mer qui ne sait plus où donner la tête se souvient tout à coup que le capitaine est Maître après Dieu. N’en doutant pas, il décide de ne plus entendre le chœur des bateliers, mais d’aller de l’avant et d’aborder le quai de plein front.
Le choc quai-bateau, est in-sou-te-na-ble.
« Il n’ira pas plus loin » proclame Maître après Dieu qui retrouve du coup ses esprits et un teint moins violacé, au grand soulagement du Mousse qui a craint un instant pour la santé de l’homme de sa vie.
Grand-maman, allons-nous couler comme le Titanic? Ose demander Fiona, la six ans.
Une chose est certaine, face contre quai, la proue ne bougera plus. Pour les quarante quelques pieds de flanc, c’est moins certain. Rappelons-nous, il y a le courant, il y a le vent.
Je vous jure, même abouti, on a l’impression d’être traqué de tous côtés.
À bâbord, c’est la coque pointue et menaçante d’un yacht digne de Onassis, le museau collé dans la fenêtre de notre cuisinette.
Grimpée sur le pont, une sirène blonde, comme elles le sont toutes d’ailleurs, une sorte de Maria Callas s’évertue à lancer des notes aiguës et des « move, go away. »
À tribord, une rangée de voiliers aux airs provocants pointent leur proue vers le flanc de notre colosse. On craint le pire ; eux aussi. Autant de sopranos hystériques juchées sur les ponts s’époumonent à tout rompre. Elles semblent convaincues que leurs clameurs éloigneront le minable House boat.
Abandonnant les Castafiore à leur opéra, le Old Boys Network se met en branle pour offrir son aide et éviter le pire. Il s’agit de bander les cordages bord à bâbord. Quatre à six amarres maîtrisées par autant de marins de fortune pour éviter que le bord à tribord aille frôler les huit ou dix trésors des mers.
Chevauchant d’une coque à l’autre, gaffe en main (la gaffe pour ceux et celles qui l’ignorent, c’est une perche munie d’un croc à une extrémité utilisée pour accrocher, attirer ou repousser) Dans notre cas, il s’agit de repousser. C’est ainsi que mes marins d’eau douce parviennent à tenir le bâtiment en laisse pour éviter de coûteux dommages à l’investissement de leur vie.
Pendant ces interminables minutes, monsieur Gendre retient de toutes ses forces, et ça se voit, le plus long des cordages servant à immobiliser l’arrière du bateau.
C’est justement le même cordage qui permettra à notre péniche de glisser honorablement hors de l’entrave, faire marche arrière, manuellement comme le souhaite Capitaine, c’est-à-dire à bout de bras et de cordages.
Madame Fille, habituée aux finances, compte en multiple de vingt mille ce que nous coûterait une fausse manœuvre. Du coup, plus ardemment que jamais, elle brandit une gaffe qui empêche le mastodonte de frôler la proue du plus extravagant des joyaux maritimes.
La marina de Kingston vit ses heures d’attraction puisqu’ils sont de plus en plus nombreux, attroupés le long du quai, ces marins du dimanche, enfoncés non plus dans leur chaise Canadian Tire comme mes petits vieux de la rivière des Prairies, mais dans des fauteuils rembourrés Coleman. Richesse oblige.
Soulagé des affres qu’il a vécues, notre château flottant reprend la voie maritime. Il n’est pas au bout de ses peines. Voilà que le vent se lève, 35 km/heure. Il n’y a pas trop des douze mains de la bordée pour retenir, attraper, rattraper tout ce qui bouge dans les entrailles tandis que Pippen II lutte opiniâtrement contre les déferlantes d’un fleuve en furie.

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Au bout de trois interminables heures, Pippen II et Sidewinder mettent le cap sur Mermaid. Une petite île qui présente une particularité géologique connue sous le nom de roche moutonnée.
N’empêche que nous aurons vécu sept jours et sept nuits de rêve, soleil levant au soleil couchant. Tout en sillonnant un parcours magnifique allant de Brockville à Kingston sans oublier Heart Island pour l’amour des princesses.
Sept merveilleux jours en compagnie de six de nos petits-enfants. Heureux et enjoués, ils ont composé une chanson de circonstance, rédigé leur journal de bord, dessiné des phares, des fleurs et des oiseaux, photographié des moments précieux, exploré la nature dans toute sa splendeur et nagé comme des poissons dans les eaux vives.
Quelle merveilleuse chance d’être des grands-parents.
Grâce à William, notre photographe inégalé, nous pourrons revivre à jamais la scène inoubliable de notre passage dans la marina de Kingston..
Notre Pippen II au repos et le fameux Sidewinder qui s’en donne à cœur joie

PARTONS LA MER EST BELLE…

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« Cette année, pourquoi pas une excursion de pêche accompagnée de six de vos héritiers, (Les petits-enfants)? » .
L`Homme de votre vie plonge son regard dans le vôtre et n’en croit pas ses oreilles, malgré qu’il sache que vous aimez la pêche, que vous avez une patience angélique et que vous pouvez passer des heures, en silence, espérant que le plus modeste des poissons daigne morde à votre hameçon.
Par contre, même avec des gants, vous n’avez jamais réussi à toucher un ver, si minuscule soit-il. Et puis, vous aimez votre petit confort, genre Palace dans le bois. Votre Moitié le sait par expérience d’où sa stupéfaction.
Il faut dire que cette ferveur pour la pêche vous vient de votre beau-père. C’était à l’époque des clubs de pêche privés. On s’y rendait sur les ailes d’un Beaver. Les Lacs regorgeaient de truites saumonées. Il y avait le chef cuisinier qui concoctait jour après jours des plats sublimes. Il y avait les guides. Le vôtre était un bel indien, n’en déplaise, aussi muet qu’une carpe et le regard perçant. Il avait l’art d’enseigner le lancer léger comme pas un et de vous amener dans ses repaires, les fosses, en langage de pêcheur. Vous avez même déjà gagné le « trophée du meilleur pêcheur » (le masculin l’emporte sur le féminin) pour avoir attrapé la plus majestueuse truite de la journée.medium_dscn0751.2.jpg
Fière de votre idée de génie, vous chantonnez déjà Partons la mer est belle. Un mâle digne de ce nom ne résiste pas à une offre du genre. Il se voit dans la chaloupe, occupé à transmettre à ses descendants ses connaissances de pêcheur, relatant ses plus belles prises, ses plus beaux exploits.
La cheftaine que vous avez été et qui sommeille en vous s’éveille. Comme au temps jadis, elle prend les choses en main et règle tout : réservations, transports, invitations par courriel aux heureux élus de ce voyage de rêve. Pourquoi pas une petite invocation du côté de Saint-Pierre, patron des pêcheurs pour que la pêche soit bonne…

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À suivre…

LES FRUITS DE L’AMITIÉ

Connaissez-vous ces fruits mystérieux qui se conservent indéfiniment à condition de les partager avec parents et amis?
Cette culture est originaire de Kirby, au coeur de l’est du Texas. La coutume veut qu’ils nous soient offerts par quelqu’un qui nous affectionne et, qu’à notre tour, nous les offrions à quelqu’un d’autre.
Si vous n’avez pas eu le bonheur de vous faire offrir ces fruits de l’amitié, voici ce que je vous suggère:
Formule de départ pour les « FRUITS DE L’AMITIÉ »

1 litre de cerises au marasquin 4 tasses
1 litre de pêches en conserve 4 tasses
250ml d’ananas en conserve 1 tasse
1,2 litre de sucre 5 tasses
450ml de Brandy 2 tasses</strong
>
Placer les fruits et le sucre dans un très grand bocal de verre. Laisser reposer 1 heure en brassant toutes les 15 minutes. Ajouter ensuite le Brandy et mélanger à nouveau. Couvrir et placer dans un endroit frais pour une période de 6 à 10 semaines. Lorsque les fruits commencent à fermenter, (de petites bulles se forment) le moment est venu de commencer à incorporer aux deux semaines, sucre et fruits.
Aux deux semaines:
Vous ajouterez 250 ml (1 tasse) de sucre et 250 ml (1 tasse de l’un des trois fruits en conserve. On suggère d’alterner sucre et ananas, sucre et cerises marasquin et sucre et pêche. Brasser le contenu lorsque vous vous additionnerez le sucre et les fruits.
Utiliser un calendrier pour ne pas prendre de retard et s’assurer qu’aux jours indiqués, vous nourrissiez vos “fruits de l’amitié”
Lorsque vous aurez plus de l,4 litre (6 tasses) de fruits, vous diviserez le contenu en deux et c’est à ce moment que vous pourrez en offrir. Entretemps, vous en consommerez bien sûr.
Ne jamais laisser le contenu du bocal diminuer de moins de 700 ml. (3 tasses), sinon la fermentation s’arrêtera. On suggère de tracer une ligne sur le bocal pour s’assurer que le mélange soit toujours d’au moins 700 ml. (3 tasses)
Conserver le bocal de fruits dans une pièce tempérée. “Très décorative et agréable à la vue”. Couvrir celui-ci d’une soucoupe pour le protéger de la poussière. Ne pas utiliser de couvercle à cause de la fermentation.
Servir les FRUITS DE L’AMITIÉ sur un gâteau ou de la crème glacée. DÉLICIEUX!