Tant qu’il y a vie, il y a espoir

Vendredi 3 avril 2020, septième jour de votre deuxième quarantaine volontaire. 

Ce n’est pas aujourd’hui que vous irez magasiner, comme il y a très longtemps jadis, pour votre traditionnel « bibi » de Pâques avec voilette qui enveloppe le visage sans ombrager le regard ou le sourire.  Pas à petit-prix le divin chapeau, puisqu’il va vous chercher des heures de labeur. J’ai bien dit des heures de labeur, à l’étudiante du conservatoire qui travaille, le meilleur de ses temps libres, à vendre des boutons à la compagnie Paquette, magasin spécialisé dans les ornements et vêtements religieux à l’époque. Vous aviez dix-huit ans, vous en avez 88, bientôt 89. Les filles Paquette vos amies avaient fréquenté le même couvent que vous de même que la jumelle de mademoiselle Duquette, modiste de chapeau rue Buade situé à deux pas de la Basilique de Québec, lieu des retrouvailles de ce beau monde élégamment coiffé le jour de Pâques. Plus de secrets pour vous. Vous comprenez pourquoi vous vendez des accessoires de couture.

Soixante ans plus tard, vous voilà, vous avez bien dit, au septième jour de votre deuxième quarantaine volontaire. Pour être la grand-mère de deux petites-filles médecin, vous ne riez pas. Vous suivez religieusement les directives de votre premier ministre, qui s’évertue pour ne pas trop perdre de ses aînés parfois délinquants, victimes de la pandémie qui afflige la planète. Durant ces interminables heures ou la vie, les symptômes et la mort sont comptabilisés, vous avez eu le temps de feuilleter toutes les recettes précieusement accumulées dans un rayon de la bibliothèque familiale. Celles de votre mère, de vos voisines et meilleures amies, celles de Monique Chevrier et celles de Jehanne Benoit, selon vous, la Bocuse de la cuisine québécoise. Enchantée des moyens de communiquer du moment, vous avez aussi rejoint toutes les filles de votre tribu qui ont formé un groupe sur le web. Vous en avez profité pour leur glisser la suggestion d’une recette favorite qui remonte à vos menus familiaux du siècle dernier. La quarantaine n’arrête pas le progrès.

Vous avez partagé des heures en présence de l’homme de votre vie. Quatre yeux rivés sur les 500 pièces d’un puzzle offert par monsieur Gendre et madame Fille à Noël passé. Comme s’ils avaient eu prémonition, de ce que vous alliez vivre en vous offrant matière à passer le temps. On ne se crêpe pas le chignon devant un casse-tête de la sorte. (Voir sur mon blogue: « le casse-tête de la quarantaine »).

Entre-temps votre tribu s’est agrandie une fois de plus d’une Pitchounette prénommée tout en douceur « Rose ». Rose est la sœur de Jade, 2 ans, ayant pour maman la fille de votre propre fille. Vous voilà une fois de plus au faîte de quatre générations de mère en fille.

Elle est belle la petiote et la vie lui appartient. Elle est née le 26 mars. Le lendemain, arrivée au bout de son âge, comme le dit la chanson de Jean Ferra, votre belle-sœur nonagénaire vous quitte pour aller retrouver son conjoint décédé quelques mois plus tôt.

Comme quoi, une fois de plus, en pensant au bonheur que vous procure la naissance de Rose, vous avez la preuve que « tant qu’il y a vie, il y a espoir ».

LA VIE À TIRE-D’AILES

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Aujourd’hui, vous êtes au bercail,  la maison de toujours. Vous êtes assise devant l’écran de votre « ordi » et chaque fois que vous tournez la tête, côté fenêtre, il y a cette adorable petite boule de plume, blottie contre le carreau qui vous regarde «c’est à n’en pas croire vos yeux ».

Répondant à votre appel et Fasciné comme vous par la présence de ce frêle moineau gris, l’homme de votre vie  propose de faire le grand ménage annuel du nichoir, fixé à portée de regard, au mur de votre maison, et cela depuis des lunes. «Madame oiseau pourra bâtir son nid à son gré. Peut-être est-ce cela qu’elle nous demande » suppose mon amoureux de la gent ailée.

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Une fois de plus dans l’échelle. Si tôt dit, si tôt fait.

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La maisonnette, occupée depuis des décennies, des générations, retrouve  son  allure  de pouponnière.

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Voilà Monsieur moineau domestique perché sur son toit, pour reprendre possession des lieux tandis que sa compagne  inspecte l’intérieur pour voir s’il conviendra à sa nichée. Sous vos regards attendris, vous suivez le va-et-vient des futurs parents.

Au refuge, c’est Farina,

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ma corneille qui regardera par la fenêtre, tournera de l’œil pour obtenir sa collation : Une becquée de pain. S’il est rassis, elle ira le tremper dans la rigole. 

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L’hiver empiète sur le printemps non sans être accompagné de quelques bonnes bordées de neige propices à la saison des sucres. Du jamais vue. On se croirait en janvier : vents, bourrasques, grésil, verglas à la rigueur.

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Pendant ce temps, les G4 prolongent le plaisir de l’hiver

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(Moineau domestique, (passer domesticus) petit passereau granivore et insectivore de la famille des passeridés et à l’ordre de passeriforme.) Guide d’identification des oiseaux du Québec 

 

LE TEMPS QU’IL FAIT

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Ce matin, il fait un temps de cocooning». Pour une fois, vous n’avez pas envie d’aller dehors. Un temps bruineux. Pourvu que cette bruine froide ne dégénère en pluie verglaçante».  La météo nous parle de neige fondante, de redoux. Autant de mots qui vous sont familiers. Ajoutez le mot réconfortant qui invite à la lecture, à l’écriture, au classement de vos photos, au rangement de vos petites choses précieuses comme la prunelle de vos yeux.

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La visite de votre adorable corneille interrompt ce temps de rêverie. Vite un croûton de pain pour elle. Vous lui lancez une invitation : «Cocotte viens manger! ».  Elle est là, à portée de main, elle attend sa ration. Écureuils, mésanges, chardonnerets en font autant, se gavent de graines de tournesols et de miettes distribuées dans vos  « boîtes à fleurs »  suspendues et dénudées durant la rude saison.

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Ludovic, votre  branche de coudrier, votre météo personnelle, n’indique rien de bon puisqu’il affiche une mine grise, il se trompe rarement le pauvre, fixé à la merci des vents et des tempêtes.

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Un regard vers lui et vous avez le temps qu’il fera dans les prochaines heures.

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L’automne venu, vous avez sauvegardé deux géraniums avec ordre de fleurir votre hiver. Mission accomplie. Ils trônent devant la fenêtre. Regardez-moi ces merveilles gavées de bons soins des mains de votre  jardinier (… de la fleur de l’âge) avec leurs jolies floraisons éphémères. Leur présence crée de l’ambiance et réchauffe les cœurs par temps de froidure.

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En pensant à ces « réchauffe-cœur » vos G4,  Arthur, 6 ans le 13 février prochain et Laïla, 5 ans le 11 août, sont venus sonner à la porte de votre refuge pour vous offrir leur photo de futurs élèves. Nicole votre Berrichonne rirait sûrement en vous entendant dire: « une photo, n’est-ce pas là, le plus beau cadeau au monde? »

 

Le temps suspend son vol…

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Pour la naissance de Jade…

Nous sommes le dimanche 14 janvier 2018. Vous apprenez  que Tanya, votre petite-fille, la petite chérie, très enceinte depuis un bon  moment est admise à l’hôpital Saint-Jérôme.  « Le travail est commencé » selon l’expression familière. Vous voilà  plongée littéralement en attente  comme l’est l’homme de votre vie. Spontanément, cela vous incite à parcourir d’un balayage de mémoires votre « généalogie du présent » entretenue avec passion. 

Heureux, émus, figés par le temps suspendu, vous revivez  à deux, les heureux moments qui ont accompagné  les naissances de vos trois enfants; de vos neuf petits-enfants et enfin celles de vos six arrières.

Pour subir l’attente, pour étoffer les réflexions,  pour calmer le temps qui prend tout le temps qu’il faut, vous le comblez d’une foule d’anecdotes entassées au creux de vos plus précieux souvenirs.

Les heures coulent interminablement. Vous et l’arrière- grand-père  tournez en rond. Impossible d’entreprendre quoi que ce soit.

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9,42 pm, ce même dimanche qui a pris une éternité dans son quotidien dominical,  vous recevez un MMS accompagné d’une splendide photo d’un papa tout nouveau tenant la petiote dans ses bras. Puis, un appel de Nicolas et de Tanya, les heureux parents vous annonçant la naissance de Jade, un poupon  de 8.04  livres . C’est l’euphorie. 

Le temps qui vous sépare de votre visite à  la nouvelle maman ne court plus assez vite pour vous.

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Pour la septième fois de votre carrière de grand-mère, vous coifferez le titre de bisaïeule. Même si l’appellation est pour le moins « âgeuse » pensez-vous.

 Qu’importe, à chaque nouvelle naissance dans les catégories  G3 ou G4 pour (3e ou 4e génération) vous « tripez » (le mot est d’usage) vous avez la nette impression de ne jamais avoir cessé de vous multiplier.

 Ce que vous omettez de dire. Pour tuer le temps, c’est d’avoir chaussé vos skis pour quelques descentes en attendant l’heure des visites à l’hôpital et enfin voir la binette de votre nouvelle arrière-petite-fille, la cajoler, et féliciter les heureux parents.

La vie de Jade repose dans vos bras. Moment inoubliable.

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Tanya est rayonnante.

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Vous jetez un œil sur votre fille. La grand-mère l’est tout autant. En une seconde, votre mémoire bascule et du coup, vous revivez la joie de sa naissance, comme si c’était hier. Éblouissante de cette fierté de nouvelle maman, Tanya lance un: «Grand-maman, si nous prenions une photo de nous quatre pour ton blog : les quatre générations de mère en fille».

Vous ne demandez pas mieux.

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En tenant votre arrière-petite-fille amoureusement, vous pensez: Pas besoin de donner naissance pour se sentir une maman, il suffit de prendre un enfant dans ses bras et de le serrer contre sois. Le tour est joué. Parole de bisaïeule.

   

UN SHOWER POUR TANYA, NOTRE FUTURE MAMAN

Un Shower, c’est chouette.

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Samedi 18 novembre dernier, c’était le « Shower de bébé » à l’honneur de Tanya, enceinte de sept mois d’un bébé fille. Vous devinez la suite de mon récit? Bientôt, quatre générations de mère en fille. Ce bonheur ma mère le goûta à la naissance de Tanya. L’histoire se répète 28 ans plus tard.

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Un Shower, c’est chouette. Une belle coutume. C’est l’occasion pour les parents et amis de témoigner leur admiration, leur amitié, leur amour envers la future maman, en lui offrant une ondée de jolies petites choses destinées au confort du poupon.  Cette coutume remonterait à la nuit des temps. En Amérique, c’est depuis les années 1900.

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Une raison de plus de chouchouter les traditions, les rituels, les coutumes, ces moments rassembleurs,

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porteurs de  joies et de purs bonheurs marquant des passages dans la vie, et dont on se souvient toujours.

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Un Shower sans jeux ne serait pas un Shower. Pendant que les uns lèvent leur verre à la santé de la future maman, les jeux vont bon train. Au tableau, sur lequel on prédit la date, l‘heure probable et le prénom que portera la demoiselle à naître.

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Tandis qu’à l’aide d’un bout de ficelle, en guise de ruban à mesurer, c’est à qui, parmi les invités arriveront à deviner, au centimètre près, le tour de taille de la maman?

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Au  bout de la table festive, qui des gars ou des filles réussira à percer le mystère du contenu des petits pots de purée pour nourrisson, à la dégustation des saveurs, sans faire la grimace.

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Arrive le moment de déballer l’avalanche de présents offerts, aussi utiles, jolis, qu’indispensables.

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En parlant d’indispensable, c’est justement ce à quoi ont pensé les parents de Nicolas, le futur papa en offrant à Tanya leur belle-fille,

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un gâteau géant «fait main» confectionné de couches jetables et truffé d’une ribambelle d’objets nécessaires à l’heure du bain et de la toilette de bébé. Un Croquembouche à l’heure du dessert n’aurait pas fait plus d’effet.

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La Fête est terminée, c’est l’heure de faire dodo

LE SABOT DE FONFON, POURQUOI PAS?

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C’eut été un sabot de la vierge, le regard serait moins «amoché». Le sabot d’un faon, c’est une autre paire de manches. Mea culpa, on ne badine pas, on ne fait pas la Germaine avec des animaux que l’on dit sauvages.

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Il est huit heures. Un matin d’automne à faire rêver. Tremblant et l’abondance de ses feuillus aux mille nuances, vous en met plein la vue. Un ciel bleu mur à mur. Les premiers rayons du  soleil glissent le long du parcours du Géant et s’abreuvent de sa rosée. Vos amis matinaux, en retrait dans le sous-bois pointent de l’œil. Au moindre bruissement de votre part, ils dresseront l’oreille et viendront vers vous.

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L’odeur et le bruit de la pomme que vous croquez les attirent.

Fonfon, le dernier né des faons, le laissé pour compte, l’orphelin de mère vous a conquis. Du bout des doigts, si vous lui donniez un petit quartier de pomme?

L’autre, le grand frère, le jeune cerf d’un an vous observe. Plus que cela, il vous a à l’oeil. « Pourquoi lui et pas moi? »

Votre « cœur de pomme » cède et tend un deuxième quartier, vers lui cette fois. La mère de famille aurait dû se rappeler…

Loin d’accepter de partager la main nourricière qui tend la bouchée; comme la coutume le veut dans le monde des cerfs, le jeune Fonfon, dressé sur ses pattes arrière brandit ses deux sabots de devant vers le rival pour l’empêcher de prendre la bouchée.

Vous êtes là, témoin du geste tant de fois observé. Le temps de vous retourner sans crier gare, plutôt que d’atteindre son but et d’éloigner l’imposteur, le sabot de Fonfon se rabat vers vous et atteint votre visage.

Une « droite » d’un champion-boxeur ne ferait pas plus d’effet. Vous en êtes quitte pour une coquetterie non pas dans l’œil, mais le long de la joue.

Morale de l’histoire : On ne peut jamais prévoir comment réagissent ces chéris dont la présence et le regard vous apportent  tant de joie, d’émerveillement et à l’occasion d’étonnement.

VIVRE OU LE BONHEUR TOUT COURT

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Il y a de ces bonheurs qui entrent en fronde, sollicitent votre accueil, s’emparent de votre espace-temps.

On sonne à la porte!  Quatre petites têtes à peine visibles de la fenêtre. Arthur, Ella, Charlotte, Laila. Vous ouvrez et le silence se retire. Les rires donnent le ton, inondent votre refuge, comme le soleil inonde tout ce qui vous entoure. Le temps d’une visite chez les bisaïeules.

Il y a de ces bonheurs, qui, comme l’eau  froide du torrent, vous glissent entre les doigts, vous ressourcent, vous revigorent.  Ces bonheurs tranquilles, vous les vivez au jour le jour, comme si de rien n’était. Comme s’ils vous étaient dus, vous les goûtez inconsciemment, machinalement et puis voilà.

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Il y a de ces bonheurs qui vous donnent des ailes. Tout au long de la semaine dernière, en ouvrant mon ordi., des gerbes de messages, tous plus chaleureux les uns et les autres, viennent enjoliver mon écran à l’occasion de mon anniversaire de naissance. Que de joie, que de bonheurs, ces « coucous », ces « j’aime », ces « j’adore » ces «joyeuses fêtes » qui résonnent dans  ma tête, soudent les liens d’appartenance, d’amitié, qui nous enveloppent et nous réchauffent. Merci, on ne dira jamais assez merci à vous.

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Il y a de ces petits bonheurs qui vous font craquer par leur fidélité à vous visiter. Un chevreuil qui vous regarde par la fenêtre, à l’heure où je vous adresse une note.

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  Cornou, ma corneille gourmande qui trempe son pain sec dans l’eau de la »rigole » avant de le déguster. Pas un jour ne passe sans que j’observe les prouesses de ma ménagerie, leur savoir-faire,  leur débrouillardise, leur instinct.  

Les bonheurs sont souvent forgés par les chagrins, les épreuves, les malheurs que l’on a surmontés oubliés, effacés.

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Ce 19 septembre 2017, aux bulletins de nouvelles, au moment où le Mexique vit un terrifiant séisme, les médias soulignent qu’en 1985, jour pour jour, un démoniaque tremblement de terre pulvérise le cœur de la ville de Mexico. La secousse aura durée 4 intolérables minutes, avec une intensité de 8.2 sur l’échelle de Richter qui compte 9 degrés.

Nous y étions, ce jeudi 19 septembre 1985, 7h18.

En même temps que la métropole se démantèle, on voit s’évanouir notre projet de congrès.

Nous sommes au cœur de la mégatropole du Mexique, ville hôte de notre V111e Congrès de l’Association mondiale de femmes journalistes et écrivains. Le congrès débute dans trois jours. 18 vice-présidentes et 22 pays ont répondu à l’invitation. 300 déléguées allaient être présentes. Le thème du congrès : « Haute technologie- clé de la réalisation du potentiel humain ».  Nous ne sommes qu’une poignée de congressistes (membres du Conseil d’administration) arrivées sur les lieux représentant toutefois les cinq continents. Il ne s’agit pas d’abandonner nos collègues mexicaines du chapitre hôte, cruellement éprouvées, mais de partager avec elles, jour après jour, ces moments chargés de douleurs et d’angoisse.

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Dimanche 22 septembre 1985, 11h00. Quatre jours plus tard, figées devant la grille qui nous sépare de l’hécatombe qu’est l’hôpital Juárez où sont ensevelis vivants des centaines de victimes, patients, infirmières et médecins, les larmes nous montent aux yeux. Le spectacle est déchirant. Nous n’avions rien imaginé de semblable, lorsque, près de nous, un militaire chuchote que l’on vient de sortir un premier bébé encore vivant. Merveille! L’espace d’une seconde, c’est l’allégresse. Miracle de la vie.

Une émotion ne vient jamais seule. Ce même dimanche, 22 septembre 1985, un télégramme provenant du Texas annonce ma nomination au poste de présidente de L’Association mondiale de femmes journalistes et écrivains.

Vivre, survivre, si c’était cela le bonheur…

QUE MANGERAIS-TU CE SOIR?

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Depuis plus de soixante ans de vie à deux que vous «mâchouillez» la même question quand vient le temps de penser repas. « Que mangerais-tu ce soir ».

Je «mangerais léger» si ça te convient. Des crêpes? Pourquoi pas! répond l’Homme de votre vie.

Vous abondez dans le sens en confirmant que des crêpes, c’est léger. Et puis par économie vestimentaire, vous pensez tout bonnement kilos quand arrive la belle saison.

Le meilleur crêpier du monde, vous l’avez devant vous. Lorsqu’il suggère des crêpes, c’est qu’il a l’intention de les concocter lui-même, avec amour. Ce qui a le don de ne pas vous déplaire. Le chef à ses heures maîtrise l’art de la crêpe, à coups de recherches de recettes toutes plus élaborées les unes que les autres.

Il coiffe la toque de circonstance, retire son préféré, du rayon des livres de cuisine. Il a l’âge de Mathusalem (pas l’homme, le livre), de nombreuses pages sont cornues, souillées tantôt de traces de vin, tantôt de doigts. Si la chance vous sourit, en le feuilletant, vous y trouverez, rédigée de sa plus belle main d’écriture, une note indiquant qu’il a ajouté quelques  larmes de brandy de façon à rehausser la saveur apportant aux  divines crêpes, un petit je-ne-sais-quoi.

Ces Chefs et leurs secrets culinaires…

L’arsenal des ingrédients est d’ores et déjà déployé sur le comptoir : Farine, œufs (3 pour les besoins de la cause), lait, sucre, beurre, sel et Brandy bien entendu sans oublier le pot de sirop d’érable, complément indissociable au moment de la dégustation.

Le temps passe. Votre « Bocuse » à ses heures s’affaire et met en branle son art et ses talents. Vous, le moussaillon de «l’après-branle-bas » récurerez et rangerez ce que vous appelez affectueusement les dégâts, tout en ayant gardé un œil sur la confection de « l’appareil ».

Une tasse de farine blanche! as-tu pensé? Lancez-vous d’une voix de major d’homme en voyant la tasse à mesurer remplie à ras bord. Pour la première fois de votre vie, vous prenez conscience qu’à deux, vous allez engloutir tout bonnement, une tasse de farine dans laquelle se dissimule : 455 calories et ses, 2% de gras, 86% de gluten et 12% de protéine, sournoisement enfouie dans vos petites crêpes légères et délicieuses. Sans oublier de compter les autres mignonnes calories que contiennent les trois œufs, le beurre et le reste.

 Vous regardez l’homme de votre vie dans le blanc des yeux. D’un ton moqueur vous ajoutez : nous qui voulions  «manger léger» (expression consacrée et tendance ces temps-ci).

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Bon appétit à ceux et celles qui succomberont à la tentation.

 

 

CE MATIN, CE QUE JE VOIS…

 

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Un matin de semaine sainte. Pluvieux. Il faut dire que la nature fait son œuvre. Les timides bourgeons aux branches des bouleaux jaunes remplacent les gouttes d’eau déposées par une pluie abondante. Les dernières nappes de neige disparaissent à vue d’oeil. Ce matin, l’imperceptible montagne est emmitouflée dans son brouillard. Un temps de semaine sainte dirait-on.

Ce que je perçois avec un certain sourire, « quel bonheur, quelle chance »! c’est ma biche roupillant, qui a bien le droit de se reposer, Son faon à ses côtés, sur la baleine, comme l’appellent les moussaillons. Cette énorme plaque de granite, prolongement du rocher. Témoin de tout ce qui se passe au refuge. Là où l’on s’allonge pour regarder le ciel, le beau temps, les étoiles. Là, d’où l’on zieute la montagne pour voir le temps qu’il fera. Là où l’on se retrouve après avoir trop ri ou trop joué.  Ce dimanche, la baleine réchauffée par un soleil généreux nous rassemblera, nous offrira sa douce chaleur réconfortante, vivifiante. Ce sera Pâques, ce sera notre printemps.

JOYEUSES PÂQUES À VOUS TOUS,

DE LA PART DE NOTRE TRIBU.