LA VIEILLESSE

Un tout petit clin d’oeil avant d’aller dormir.  Vous avez certainement déjà lu cette note mais elle est tellement belle que nous pouvons la relire et à mesure que le temps avance, elle est de plus en plus réaliste.

La vieillesse vue par Philippe Noiret

Il me semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.

A noter aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis: je dois loucher pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous.

Il est ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix – ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien.

Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant. En outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les attraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive.

Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre.  

Le temps même change. Il fait froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui.

Les gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air plus poli que nous ne l’étions ; plusieurs d’entre eux m’ont appelé « monsieur » ; il y en a un qui s’est offert à m’aider pour traverser la rue.

Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce que l’on est convenu d’appeler un certain âge, mais est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée. Au bar de l’université, ce soir-là, j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu.

 

C’ÉTAIT HIER…

« L’événement est un signe » le titre résumerait bien ce qui a entouré l’illustre victoire de Jack Layton puis la mort de ce politicien d’exception, décédé des suites d’un cancer, le 22 août dernier. En moins de temps qu’il eut fallu, un homme aura marqué le présent et qui sait, l’avenir de notre pays.

Deux jours avant sa mort, le chef du NPD (nouveau parti démocratique) — nouvellement élu parti de l’opposition officielle à Ottawa — a pris le temps d’écrire une lettre aux Canadiens. Son vibrant message se terminait par un rayon de soleil. Je vous le livre souhaitant que chacun le retienne : « Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors, aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. » Signé : Jack Layton.

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La nature fait des siennes c’est temps-ci. Nous sommes revenus — en toute quiétude — du Cap Hatteras, il y a de cela deux semaines. Je remarquais justement en traversant les Outer Banks et observant de chaque côté de la route, les dunes recouvertes de blés de mer. La prolifération de la verdure agrippée dans le sable semblait indiquer l’absence d’ouragan depuis un bon moment.

Hélas, Irène ne s’est pas fait trop attendre de ce côté de l’Atlantique à ce que je vois. Ce matin à Tremblant, « Il fait un vent à décorner les bœufs » Expression bien de chez nous.  La pluie torrentielle – j’imagine — viendra plus tard ou pas, selon le caprice d’Irène. Rien de catastrophique jusqu’alors. Je rassure les cousines blogueuses dont les héritiers vivent au Québec. Dernière observation météorologique : les oiseaux volent bas, serait-ce qu’ils se doutent du mauvais temps à venir.

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Ce weekend, je n’ai pas eu le plaisir de m’extasier en regardant les cyclistes rouler sur le célèbre parcours Paris Brest comme certains blogueurs privilégiés l’ont fait. Vous avez deviné qu’il s’agit de notre « Observateur Nature ». Il nous en mettra surement plein la vue avec ses photos exceptionnelles. Par contre, hier, au refuge, mon fils Lawrence et Nadine ont donné rendez-vous aux PDN un club de cyclistes de vélo de montagne. Après leur randonnée dans les sentiers abrupts et sinueux de Tremblant, ils étaient conviés au refuge pour une traditionnelle épluchette de blé d’Inde.

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Les vélos mis au repos,  on pouvait apprécier ce bel esprit d’équipe et de camaraderie qui règne au cœur de ces adeptes d’un sport exigeant.

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Dans chaque adulte dort un enfant. Il fallait les voir, coude à coude rassemblés autour de la fontaine de chocolat au Brandy

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C’est la saison des fruits et légumes et de tout ce qui poussent dans les jardins.  J’ai préparé pour vous une « assiettée » de tomates assaisonnées d’huile d’olive, cadeau du Grillon, d’ail, de persil de mon jardin d’herbes, d’amour et de quelques capucines pour la présentation.

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Entretemps, craignant les vents dévastateurs et la pluie diluvienne de notre Irène, l’homme à tenu à cueillir sa récolte de poires avant de quitter la maison de toujours pour le refuge,  assurant à tout un c
hacun sa ration et à sa descendance — troisième génération — une bonne provision de purée de poire.

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Pour clore le weekend, je vous offre aussi la fleur du jour. J’espère que vous la recevrez avant que la pluie et le vent aient raison d’elle et chiffonnent sa belle robe rubis. Même notre bestiole préférée est venue s’approvisionner d’arachides en prévision du passage d’Irène.

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Je vous souhaite une excellente semaine. Nous sommes lundi matin, jour calme et ensoleillé. Je pense à Diogène devant son tonneau et me répète comme lui : « encore un jour où il fait trop beau pour travailler ».

GRAND-MAMAN, QUE LIS-TU?

 

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Janvier 1986. Vous venez de recevoir « Une chambre à soi » — l’auteure du pamphlet : Virginia Woolf —, traduit de l’anglais par Clara Malraux. Un tout petit ouvrage. Rien qui ressemble à ces énormes briques à la mode, frisant aisément les quatre ou cinq-cents pages.

Le temps presse. Vous jetez un coup d’œil sur le quatrième de couverture puis, machinalement, vous remettez à plus tard la lecture en vous disant que le titre est bien loin de votre réalité : une entreprise, un mari, trois enfants, des relations professionnelles. Plutôt que de ranger respectueusement l’œuvre sur un rayon de votre bibliothèque réservé aux titres et auteurs qui retiennent votre intérêt – mais à lire plus tard – vous en faites part à C. votre compagne de travail qui s’y montre intéressée.

Août 2011. Vous voilà en train de fermer vos valises, destination « Cape Hatteras », Caroline du Nord. Comme d’habitude, au mois d’août, quinze jours de farniente : bord de mer, soleil, sable, plage à n’en plus finir.  Combien de fois avez-vous apporté une brassée de livres sans jamais oublier l’incontournable « Solitude face à la mer » de l’écrivain Anne Lindbergh. Combien ont été achevés de lire?

Cette fois, dites-vous, un bouquin, à la rigueur deux suffiront. Vous savez que vous n’aurez pas le temps ou si peu. Le roulement des vagues qui se fracasse à vos pieds, les coquillages aux multiples formes et couleurs, et puis, il y a la tribu,  presque entière, sur la plage avec ses châteaux de sable, ses « regarde grand-maman », ses cerfs-volants toujours plus hauts. Puis il y le salin de la mer au goût de dépaysement.

Mille six cents kilomètres plus tard, vous voilà sous votre parasol, les pieds enfouis dans le sable. Distraitement comme le sont les réflexes, vous saisissez le tout petit livre, à peine un doigt d’épaisseur. Qu’elle n’est pas votre surprise quand, en troisième de couverture, vous découvrez une annotation datée 9 avril 86. Vous ne l’aviez jamais vue encore moins lue. Elle s’adresse à vous.

Se peut-il? Le commentaire vous émeut, vous bouleverse. Vous retournez au cœur du livre pour constater que des phrases sont soulignées ou cochées dans la marge, que des coins de pages sont repliés. Pas possible! vous dites-vous, de ne pas en avoir pris connaissance avant cet instant.  Du coup, c’est comme si le livre était habité. Vous le refermez, vous le serrez entre vos doigts. Qu’a pensé votre amie devant cette horrible indifférence, lorsqu’elle vous a suivi du regard, retournant l’ouvrage sur son rayon sans même le feuilleter.

« Maman ne vous reconnaitrait sans doute pas » vous a confié sa fille médecin, il y a de cela quelques mois à peine.

Un quart de siècle plus tard. Il est maintenant trop tard. Elle vous entendrait, mais ne vous écouterait pas. Vous refermez le livre fixant la mer quand arrive par surprise; Tanya, Guillaume et Nancy.

« Grand-maman que lis-tu?

Ce n’est pas tant l’écrit de l’auteure qui importe en ce moment, mais la perte de celle qui a laissé sa marque, avec qui vous souhaiteriez échanger vos impressions, vos sentiments, commenter les réflexions de Virginia Woolf, être en accord ou désaccord; émettre vos points de vue comme vous l’avez fait des centaines de fois au fil des années.

Et, vous avez répondu à vos trésors : “Il faut que je vous raconte, non pas ce que je suis en train de lire — pourtant, ce serait opportun — mais ce qu’il m’est donné de vivre.”

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COUCOU DE « CAPE HATTERAS »

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Nancy, la maman en devenir, vous offre quelques sushis préparés par Guillaume le futur papa et oncle Patrick. Toutes les raisons sont bonnes pour célébrer la tombée du jour à « Cape Hatteras ».

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Les spécialistes à l’oeuvre Patrick et Guillaume. Des As en matière de sushis

Tanya et Sinead vérifient la qualité de la préparationL1040093.JPG

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Les heureux parents se la coulent douce

Bon dimanche!