Six beaux sourires récoltés à l’issu de notre journée de formation annuelle dispensée par Pierre Godbout, moniteur et formateur Niveau 4 de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada

De gauche à droite : Pierre Godbout, notre formateur; Jean-Claude Grégoire, responsable de l’équipe, Michel De Bellefeuille, Bob, « l’homme de ma vie », Pierre Martin, ma petite personne et Jean-Claude Laverdure.
Absent de la photo, Michel Samson, notre huitième moniteur.
En subissant le temps qu’il fait aujourd’hui : neige abondante; rafales; bourrasques de vent,
j’ai envie de vous raconter une aventure vécue justement, sous un climat semblable, entre Noël et le Jour de l’An, il y a deux ans de cela.
Un bon matin, sur recommandation de Jean-Claude Grégoire, « niveau 2 » responsable de l’équipe de moniteurs de « Ski Bon Âge », l’homme de ma vie décide, que lui et sa moitié (la moitié, c’est moi) s’inscriront au programme de certification de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada « niveau 1 » (premier des quatre niveaux de l’AMSC).
(Ski Bon Âge est une Association regroupant des skieurs retraités soucieux d’améliorer leurs habiletés et leur performance en ski alpin)
« À cœur vaillant, rien d’impossible » J’abonde dans le sens, sans toutefois oublier que nous avons atteint un âge presque canonique. L’homme de ma vie n’a pas l’air d’y penser. Il est aux oiseaux. Déjà, il se voit moniteur, entraînant dans la poudreuse sa bande de sexagénaires aux jambes d’ados.
L’aventure débute le 26 décembre 2005. Un lendemain de Noël. Vous avez compris le pourquoi du lendemain de Noël? — les étudiants sont en congé scolaire
Accompagnés de Pierre Martin, notre copain dans la très jeune soixantaine, nous nous retrouvons donc au beau milieu de quatre-vingts ados prêts à vivre quatre jours de formation intensive et rigoureuse.
Le chef formateur réunit d’abord ses ouailles pour un « briefing » accompagné d’une vidéo démontrant les dernières techniques de ski alpin.
Les « jouvenceaux » sont là, assis par terre. Nous en faisons autant. « Ils se sont sûrement trompés de salle », pensent-ils en nous voyant parmi eux.
Quatre quadragénaires ayant raté l’examen de passage l’année précédente s’ajoutent au peloton. En nous regardant d’un air hautain pour ne pas dire dédaigneux, le plus costaud a l’audace de souffler aux autres : « On ne doit pas être dans le bon groupe » Sa remarque condescendante me glace le sang..
Durant ces quatre jours de formation, qu’il neige ou qu’il grêle, visibilité réduite ou pas, pistes damées ou glacées, rien n’arrête les formateurs qui prodiguent sans relâche les conseils et les exercices d’enseignement.
Les journées se terminent à seize heures. Crevés, nous rentrons rapidement au bercail (quarante-cinq minutes de route).
Chaque soir, nous aurons à rédiger un compte-rendu de nos apprentissages, répondre à un long questionnaire et mémoriser le vocabulaire d’enseignement.
Le premier soir, il est vingt-deux heures lorsque je termine « mes devoirs » À cet instant même, j’ai envie d’étriper l’homme de ma vie.
À notre âge qu’avons-nous à prouver? Hier encore, j’avais l’impression d’être une bonne skieuse. Rater l’épreuve me prouvera le contraire et me décevra profondément. Les larmes me montent aux yeux.
Le deuxième soir, c’est au tour de mon invincible à se remettre en question. Il appréhende l’échec.
“C’est normal ” confirme Jean-Claude rejoint au téléphone « ça ira mieux demain ».
Les jours se suivent. La confiance reprend du poil de la bête. Les jeunes loups nous regardent différemment. À bien y penser, nous avons l’âge de leurs grands-parents. Notre assiduité et notre détermination les impressionnent. Dans la force de l’âge, nos quatre compères ne font plus bande à part. Nous sommes là avec le même objectif qu’eux : réussir .
Arrive le quatrième jour. Rassemblés au sommet de la montagne, nous voilà égaux dans l’épreuve, indépendamment de l’âge, nous aurons à exécuter les mêmes niveaux de difficulté sous le regard intransigeant des formateurs placés dans le parcours.
À la seizième heure du quatrième jour : victoire! L’homme de ma vie, Pierre le copain et moi avons réussi le programme de certification de l’AMSC. Mission accomplie aurait dit William notre petit-fils au moment de recevoir notre carte officielle et notre précieuse médaille.
Plusieurs nouveaux médaillés nous félicitent avec enthousiasme : “Men vous êtes cool! À vous voir aller, on aimerait devenir aussi bon que vous » heureusement, ils ont la gentillesse de ne pas ajouter : « quand on aura votre âge ».
J’ai failli fondre comme neige au soleil. Oubliant le froid, le vent, un matin de grésil, les efforts et le stress, je me suis dit en la portant à mes lèvres : à mon âge (il faut bien l’admettre), cette médaille n’a pas de prix.

Merci aux Jean-Claude Grégoire, Jean-Claude Laverdure et Pierre Lacroix qui nous rappellent constamment que l’âge n’est pas un obstacle au plaisir de vivre intensément.
Comme nous le rappellera cette année notre formateur Pierre Godbout : « les aspects les plus appréciables de notre rôle de moniteur sont : la satisfaction d’aider des skieurs à progresser, et avoir le plaisir d’observer leur progrès, leur sourire et les étoiles dans leurs yeux. »