Voici l’objet de mon labeur! Une corneille que je prénomme Farina, en souvenir de ma jolie poupée au visage et au corps d’ébène du temps de mon enfance.
Il y a une semaine, ma « Corvus brachyrhynchos » planait allègrement au haut du ciel, se perchant à volonté dans les bois de haute futaie ou à la cime des sapins les plus élevés des alentours du Refuge.
Vous devinez la suite . Curieuse de voir à l’oeil nu cet oiseau de malheur, affublé de bien des maux, aux proportions impressiononantes: 40 à 50 cm de longueur; 88 à 104 cm d’envergure pour un poids de 418 à 675 grammes pour le mâle, je décide de l’attirer dans mon giron et observer de visu les critères qui font dire que la corneille est sans doute l’oiseau le plus intelligent qui soit.
On dit qu’elle peut compter jusqu’à trois ou quatre et semble posséder un langage et une structure sociale complexe. Plus encore selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de Washington, les corneilles sont capables d’identifier des visages humains et se souvenir si l’un d’entre eux représente une menace pour elle. Elles seraient même capables d’enseigner aux corneilles de leur groupe à reconnaître ces visages dits dangereux. (Ref: Wikipedia).
Depuis quelques jours, (cinq ou six tout au plus) plutôt que de bayer aux corneilles, je m’évertue à imiter ses croassements rauques, à l’attirer et à scruter ses timides allées et venues. Je l’interpelle, un bras tendu devant moi, lui faisant miroiter de généreuse « bouchées » de pain de mie.
Un beau matin, dans un vombrissement d’ailes à fendre l’air, elle quitte son point d’observation, prend son envolée et vient atterrir dans un fracas sur le pignon de notre toit. Elle est là, enfin! au dessus de ma tête. Elle regarde autour d’elle, je lui parle, je l’invite, elle hésite puis repars sans rien. La partie n’est pas gagnée.
Dans les jours qui suivent, elle revient, fait entendre ses cris toujours aussi gouailleurs pour annoncer sa présence Je lui réponds sur la même note ou presque. (Avis aux oreilles chastes et pures, pardonnez mon outrage). la « corvidée » répondant à mon appel, prend son courage à deux pattes et ose descendre piquer le morceau de pain placé par terre et repartir le bec plein.
Aujourd’hui, je viens de marquer un premier point vers ma conquête. Ma sombre corneille perchée dans ses « hauteurs », se lance et au bout de son envol, atterrie cette fois, sur la rampe de la galerie. Je suis assise devant mon ordi, à deux mains d’elle, on se zieute, l’appareil photo est placé à portée de doigt, une bouchée de pain l’attend. Je lui parle tout doux. Merveille, elle est là, juchée sur ses hideuses pattes noires déposées sur ma table. Une seconde plus tard, elle s’envole avec la becquée de pain.
J’en suis estomaquée, comme si ça ne se pouvait pas. la célèbre photo sur la table sera pour la prochaine visite.