Ma tante, j’en suis là, et ça tient du miracle. J’aime cette pensée exprimée par ma charmante nièce. Pensée qui frôle l’imaginaire et décrit merveilleusement bien les niveaux de joie, de bonheur ressenti. Ma nièce est soprano. Je l’adore dans Carmen, un rôle qui lui va à merveille. Nous étions sur FaceTime un dimanche du mois de février, le frileux et l’enneigé. Elle habite au bout du monde, lovée au pied d’un volcan endormi et moi en flanc de montagne, dans la neige et le vent.
Puis, le temps passe. Nous voilà un matin de mars, le premier du mois. Pas encore le printemps mais bientôt la saison des sucres. La vie piétine pour ne pas tourner en rond comme le poisson rouge dans son bocal. Aujourd’hui l’homme et moi allons poser un geste important et prometteur, garant d’avenir. Recevoir le vaccin contre le covid-19.
Une confidence à propos du jour « Vaccination ». À la sortie de la clinique comme par hasard, des amis et nous deux éprouvions une sorte de fierté, de solidarité. Le sentiment d’avoir fait notre part pour freiner cette minable pandémie. Mission accomplie. Interpellés, nous devenions adultes responsables et vaccinés.
On n’arrête pas le temps. Au fait, à quel âge devient-on vieux ? Murmure mon nonagénaire, le jour où l’on se voit vieux, répond l’octogénaire que je suis.
Réajustant fièrement nos (masques sourire caché) bras dessus bras dessous, nous regagnons notre voiture pour retourner allègrement vers notre (restez chez vous) toujours aussi confinés depuis des lunes, même sans en entrevoir la fin, nous sommes allégés libérés et plus confiants. Cette vaccination portant une part d’inconnus est maintenant derrière nous. Pour l’instant. Que voulez-vous souhaiter de plus ?
« Avec ça, on a c’qui faut pour passer à travers ».avait lancé énergiquement la dame centenaire en train d’être vaccinée tout en jetant un regard vers la jeune infirmière. Chapeau! Une résiliente, aurait dit sûrement Boris Cyrulnik, le penseur de la résilience. Auteur de (La nuit, j’écrirai des soleils).
Sur la route du retour, à perte de vue, il y a Tremblant, son village et ses paysages de cartes postales; sa montagne qui n’a jamais été aussi belle. Je pense à nos fougueux skis que l’on a mis en pause; aux intrépides raquettes dévoreuses de neige folle; les centaines de sentiers qui vous entraînent toujours plus loin, au bout de vos rêves, au bout des ailleurs; au bout de nulle part.
Au fil des heures et des jours qui se ressemblent, pour (regaillardir) l’interminable confinement des uns et des autres, il y aura les parents, les amis de l’autre côté de la fenêtre; il y aura la Tribu, ses photos prises sur le vif, les Messenger, les Zoom et les j’Aime qui s’émissent virtuellement dans nos vies pour réchauffer les solitudes, souder les amitiés et raviver l’esprit des retrouvailles et du bonheur tout court.