LE TABLEAU DE L’AMITIÉ

 

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Vite, une petite minute pour traverser mon blog, à toute vitesse, pour rattraper le temps perdu, le temps que j’ai l’impression de perdre, le temps qui fuit. Ce matin, huit heures vingt, les pieds sur les skis, à l’orée du bois, j’ai salué le soleil qui me regardait, franc dans les yeux. Il était beau, mon Galarneau. (Patronyme désignant le soleil). Beau comme le plus beau des poèmes. À peine remis de l’hiver, il brillait de toute sa splendeur. J’avais l’impression de l’avoir à moi toute seule, dans ce sentier inondé de sa timide chaleur printanière. Je l’ai même salué deux fois. J’ai grand ouvert mes bras, pour mieux m’en imprégner. Il accomplissait son œuvre. Sous ses rayons, la neige allait en être à ses derniers sursauts d’existence, avant de gorger les rigoles et d’abreuver les jeunes pousses qui éclateront de toutes parts.

Il n’y a pas que le soleil qui réchauffe, il y a l’amitié. Celle-là réchauffe les cœurs. Jean-Claude m’avait dit au téléphone : « demain, je viendrai chez toi. J’irai lever mon verre à l’après-ski. Je viendrai avec Thérèse. » (Thérèse sa formidable compagne de toujours).

Ce qu’il m’avait caché, ce Jean-Claude?

Vous savez qui est Jean-Claude. Je vous l’ai présenté au temps des Fêtes. (Rubrique : gens de chez nous)  avant d’être un skieur corps et âme, il est un artiste dans l’âme. C’est Jean-Claude qui a répondu à la demande de son curé qui souhaitait offrir à ses paroissiens, une crèche à taille d’homme, flanquée sur le parvis de son église. « Demandez et vous recevrez. » dit un jour le Très-Haut. Grâce à son généreux paroissien, le bon curé fut exaucé.

« Frappez et l’on vous ouvrira » (il a dit cela aussi) À l’heure de l’apéro comme le veut la tradition, lorsque Jean-Claude et Thérèse nous ont rejoints au refuge (l’homme de ma vie et moi,) et, après avoir skié ensemble, à fond de train, comme des ados en vacances, ce que notre chef moniteur de ski alpin nous avait caché, pendant toutes ces heures en folie; c’était la raison de sa visite au refuge.

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En cachette, Jean-Claude avait consacré des heures à l’amitié, à la merveilleuse camaraderie et peint pour nous un magnifique tableau illustrant notre refuge dans la neige, sous un ciel bleu « mur à mur » nous rappelant, en arrière-plan, cette majestueuse montagne sertie des plus belles pistes qui font nos beaux hivers.

Nous avons levé nos verres, et célébré ce tableau le proclamant, à juste titre : pièce maîtresse de notre refuge.

Merci Jean-Claude

APPRENDRE À AIMER…

À PROPOS DE SOLIDARITÉ MULTIGÉNÉRATIONNELLE

À quoi sert un blog, si ce n’est entre autres, à rejoindre ses semblables, révéler ses coups d’cœur, livrer ses états d’âme,  partager ses peines et ses joies, raconter, se souvenir, appartenir…

Puisque ce blog s’adresse et appartient à nous de la génération 50 +, je prends la liberté et le plaisir de vous offrir quelques moments de lecture sur un sujet qui nous rejoints tous, et qui vaut l’espace qu’il occupe et le temps que vous y consacrerez.

Il s’agit de la conclusion de Fernand Dansereau prononcée au rendez-vous montréalais des générations, le 19 février 2011, à  propos de la solidarité multigénérationelle. Message publié sur Espace 50 + L’Info@lettre d’Espaces 50+

La conclusion de Fernand Dansereau au rendez-vous montréalais des générations du 19 février 2011.

Réalisateur, producteur et scénariste, Fernand Dansereau gravite dans l’univers du cinéma québécois depuis plus de cinquante ans. Son travail a été souligné en 2005 par le prestigieux prix Albert-Tessier. Son oeuvre comprend des fictions, des documentaires et des téléromans. Outre sa carrière en cinéma, M. Dansereau a également présidé l’Institut québécois du cinéma en 1984 et 1985. En 1990, il a cofondé l’Institut national de l’image et du son (INIS), un centre de formation professionnelle pour le milieu du cinéma, de la télévision et des médias interactifs, et en a été le président pendant trois ans.

Nous aurons aujourd’hui entendu plein de statistiques inquiétantes, beaucoup de propositions sociales et politiques et de touchants appels à la solidarité intergénérationnelle. Qu’ajouter de plus? Peut-être vous parler de mon expérience de vieillir, des questions qu’elle m’impose dans cette recherche d’un dialogue intergénérationnel justement.

Commençons par dire que je ne me sens pas le droit d’interpeller les plus jeunes. Je me souviens trop du regard que je portais quand j’avais 24 ans sur les générations qui m’avaient précédé. Je savais tout à cette époque! Et les désespérantes préoccupations de mes aînés me
scandalisaient profondément! Il était tellement urgent de changer la vie, d’ouvrir grandes les fenêtres de l’avenir, d’entreprendre l’immense chantier de l’espoir. Je n’avais guère de temps pour les écouter d’autant que je ne voyais pas du tout comment je pourrais compter sur eux.

Il me semble naturel de penser que les jeunes femmes et les jeunes hommes d’aujourd’hui doivent éprouver des sentiments du même ordre. Quoique moins naïvement et certainement moins prétentieusement. Et je respecte trop ce renouvellement incessant de la vie, cet appel à la création et au développement pour vouloir le contrer ou tenter de le canaliser. Il y a là des fraîcheurs et des puissances d’énergie que les plus vieux ne peuvent et ne doivent pas essayer d’endiguer. Elles sont indispensables au progrès de l’humanité et à la survie même de cet espoir dont nous avons tous tellement besoin.

Mais à quoi peut donc servir mon expérience de vieillir? Comme quelques-uns le savent peut-être, je suis père de sept enfants et grand-père de huit petits-enfants. Et c’est une grâce de vivre dans la tendresse dont ils m’entourent. J’ai remarqué cependant qu’avec les années, ils s’intéressent de moins en moins aux discours que je pourrais leur tenir sur la politique, les questions sociales ou même les interrogations philosophiques et spirituelles. Leur appétit pour les prétendues sagesses dont je pourrais les assommer s’est depuis longtemps rassasié. Par contre, j’ai cru observer qu’ils me guettent avec une acuité de regard tout à fait particulière. Ils épient mon vieillissement. Avec affection, bien sûr! Inquiétude et souci. Mais aussi avec une immense interrogation : est-ce qu’il est possible d’échapper à la tentation de radoter?

Est-ce qu’on peut accueillir les pe
rtes et les deuils de fin de vie sans entrer dans la déprime? Est-ce qu’il y a moyen finalement de confronter l’âge sans désespérance? Et sur ces questions-là, nul discours que je pourrais tenir ne peut les rassurer. C’est mon vécu qui parle, mon agir, mes douleurs et mes joies, mes épreuves et mes victoires si modestes soient-elles. Car ils savent qu’eux aussi vieilliront à leur tour. Ils en ressentent déjà,- plus ou moins consciemment,- l’angoisse. Je sers de miroir à leur avenir. J’ai compris que par rapport à eux, mon devoir le plus urgent, -tout aussi urgent que ces autres devoirs dont je ressentais l’appel à 24 ans,- c’est de trouver du sens à la vieillesse. Et c’est là-dessus que je voudrais essayer de vous entretenir pendant quelques minutes.

Florida Scott-Maxwell écrit dans le beau livre intitulé The measure of my days 1: “La vieillesse me déconcerte. Je croyais que ce serait une période assez tranquille. Mes soixante-dix ans furent intéressants et assez sereins, mais mes quatre-vingts ans sont passionnants ». Elle explique qu’entrant dans la vieillesse dès la fin de la cinquantaine, elle a vu le pouvoir commencer à lui échapper. Pouvoir social, pouvoir politique, pouvoir professionnel. De plus en plus radicalement à mesure que les années s’additionnaient. Jusqu’au pouvoir sur son propre corps quand l’âge épuise les forces et que survient la maladie. Or le plus étonnant, raconte-telle, c’est qu’ « à mesure que le pouvoir m’échappe, ma conscience s’élargit ». Parce que l’exercice du pouvoir requiert, bien sûr, que nous installions des barrières dans le réel et que ces frontières emprisonnent inévitablement notre esprit.

C’est cette aventure de la conscience qui fait la joie du vieil âge et constitue son mandat. Un mandat beaucoup plus excitant et autrement exigeant que les mascarades du « rester jeune » que veut nous imposer la société de consommation. Or le premier appel d’une conscience qui s’élargit, c’est celui de la liberté. La liberté de penser bien sûr! Mais également la liberté d’être. Cette liberté ne va pas sans l’approfondissement de l’être qui prétend la porter. Florida Scott-Maxwell écrit encore : « Peut-être que la création de l’identité est la tâche la plus essentielle de l’homme, et si nous demandons à la recevoir comme un droit, nous n’avons pas encore compris que cette création est le travail de toute une vie » . Quand l’âge nous libère des exigences quotidiennes d’engendrer une famille, de gagner l’argent du soutien, d’établir un renom professionnel, nous nous retrouvons soudain devant la possibilité d’être enfin nous-mêmes, devant la convocation délicieuse à parachever notre être.

Et c’est là qu’une grande surprise nous attend. Car on se lasse très vite du pauvre moi sur lequel on voudrait s’attendrir enfin. Il ne tarde pas à nous ennuyer terriblement. Son narcissisme ne peut conduire au bout du compte qu’à alourdir l’isolement qui tourmente tant de vieilles
personnes. Heureusement, des convocations beaucoup plus stimulantes peuvent alors surgir: celle de ce que les psychologues et bon nombre de maîtres spirituels appellent le soi, c’est-à-dire l’épanouissement de l’humanité en nous. Florida Scott-Maxwell poursuit encore : « Toute vie est destinée à être héroïque. La grandeur est requise de nous. Tel est le but et la justification de la vie ».

L’héroïsme dont elle parle, ce n’est ni la gloire des journaux ni l’enflure de l’ego, ni les victoires tapageuses sur quelqu’ennemi notoire. C’est la conquête pas à pas, quotidienne, articulée et efficace de l’amour. L’amour de soi d’abord et l’amour des autres. L’amour de soi pour mieux aimer les autres. Gilles Vigneault a dit dans ses chansons combien il est difficile d’aimer, d’aimer pour vrai avec générosité, rigueur, tendresse authentique. C’est la tâche essentielle à laquelle nous sommes tous convoqués et encore davantage quand on arrive à la vieillesse:

apprendre chaque jour à aimer de mieux en mieux. Et comme l’écrit Marie de Hennezel, c’est ce qui réchauffera non seulement nos coeurs, mais nous procurera une authentique et durable jeunesse.

J’entends grincer les dents des militants du pouvoir gris qui combattent si généreusement contre l’âgisme et luttent pour contrer le désengagement des personnes âgées par rapport au bien public et surtout à la justice. Ils pourraient croire que j’entreprends ici de prêcher la résignation. Mais c’est bien le contraire. L’amour est aussi politique quand il permet de poser des gestes structurants dans le sens d’une justice plus grande. Tant mieux si les gens de vieil âge restent actifs et concernés par le débat social le plus longtemps possible. Et je ne voudrais surtout rien faire ou rien dire qui tende à décourager l’action citoyenne.

Mais je sais que la perte graduelle du pouvoir reste quand même inéluctable avec le temps, que cette perte touchera éventuellement non seulement notre rayonnement social, mais notre corps et finalement même notre esprit pour nous projeter dans un no-man’s land beaucoup plus incertain. C’est une stratégie pour ce no man’s land justement que je recherche ici.

Je crois fortement que c’est dans et par l’amour qu’on peut trouver un pont entre les âges. Je n’ai rien à réclamer des plus jeunes, mais je peux dire à mes frères et soeurs du vieil âge que notre mandat et notre espoir le plus impérieux, notre joie de vivre elle-même résident dans l’amour que nous pouvons offrir aux plus jeunes. D’abord et avant tout. Et je sais que c’est là que m’attendent mes sept enfants et mes huit petits- enfants. Dans la vérité du sentiment.

Paradoxalement, c’est là également où nous allons pouvoir trouver du sens. Nous les vieux et eux les plus jeunes. L’emprise des religions s’est relâchée. Et l’effarante capacité de la modernité à détruire toutes les certitudes dépouille grand nombre d’êtres humains de leurs repères les plus essentiels. Nous avons appris que la vie n’a pas d’autre sens qu’elle-même. La vie veut vivre. Avec une volonté implacable et terrible. Penser au phénomène de la prédation qui soutient chacune de nos existences. La vie dévore la vie avec une férocité aussi aveugle qu’insoutenable quand nous y pensons. Et pourtant la vie a généré la conscience qui à son tour a généré l’amour. La vie nous a donné la liberté de prendre nos distances par rapport à ses impératifs les plus urgents. La vie nous a donné le pouvoir de la réinventer, c’est-à-dire de lui donner du sens justement. Et c’est le travail qu’accomplit l’humanité sous nos yeux, sans que nous en prenions tellement conscience. A travers ses guerres aussi bien que dans ses illuminations. Un travail gigantesque que masque la sinistrose de nos bulletins de nouvelles en fin de soirée.

J’entendais l’autre soir quelqu’un qui déclamait le fameux poème écrit par Péguy à la suite de la guerre de 1914 : « Heureux ceux qui sont morts, dans les grandes batailles, couchés dessus le sol, à la face de Dieu. Heureux ceux qui sont morts pour un dernier haut lieu, parmi tout l’appareil des grandes funérailles ». Et je m’étonnais du trajet parcouru par la conscience contemporaine dans le court
laps de mon existence. Cette glorification de la guerre qu’on nous présentait dans les collèges classiques des années 40 comme la fine pointe de l’humanisme, nous apparaît désormais lamentable et dérisoire. Quelle fulgurante mutation malgré toutes les mauvaises nouvelles dont m’abreuvent chaque jour les journaux! Le progrès de la conscience depuis l’apparition de l’homo sapiens est, à proprement parler, incalculable. 50,000 ans à peine entre le singe et nous. Et nous n’en sommes qu’au début « de l’intellectualité » comme disait Louis-Edmond Hamelin. Où en sera l’humanité dans mille ans?

Bien vaniteux celui qui peut prétendre seulement l’imaginer. Nul en effet ne peut prédire de quoi demain sera fait. Mais nous savons que nous avons chacun de nous et nous tous ensembles à créer chaque jour du sens, justement. Qu’il n’y en aura pas d’autre que celui que nous allons inventer. Et c’est à cela que doit d’abord servir cet agrandissement de la conscience dont parlait Florida Scott-Maxwell.

Mais par où commencer? Où trouver ce terrain où jeunes et vieux peuvent se rencontrer et se concerter dans un combat essentiel, immédiat, urgent, évident. C’est pourtant simple : l’environnement! Le défi est là, tout concret, pour occuper ce travail de la conscience et nos énergies amoureuses, quel que soit notre âge. Les scientifiques nous disent en effet qu’il faudrait les ressources de 3 ou 4 planètes comme la nôtre pour faire partager à l’ensemble de l’humanité le mode de vie dont nous jouissons en Occident. Or ces planètes supplémentaires, nous ne les avons pas. Comment alors allons-nous procéder pour le partage des ressources? Comment en effet puisque que non seulement ces ressources ne suffisent plus, mais qu’elles s’épuisent. N’y aura-t-il que les guerres et la domination du plus fort sur le plus faible pour assurer la survie de l’humanité?

Nous souhaitons de tout coeur échapper à cette monstrueuse fatalité. D’autant que nous savons la terre assez généreuse pour nourrir ses milliards d’enfants si ces derniers se contentaient de satisfaire leurs besoins véritables et essentiels. Mais comment l’espérer? Comment croire que les grandes masses humaines apprennent à résister aux appels des sirènes de la consommation? Comment croire que la ploutocratie qui achève de conquérir la planète puisse céder sa place à des sociétés de véritable solidarité? Il semble ridicule de même en parler.

Et pourtant il y a des milliards de gens autour de la planète qui cherchent une métamorphose. Il y a des millions de groupes et d’organisations qui militent jour après jour pour changer le cours des choses. J’entends l’appel unanime à l’espoir et au renouveau qui inspire toutes ces énergies même si elles semblent trop souvent tirer à hue et à dia. Il y a dans notre monde une soif incommensurable de trouver enfin une justice véritable, une égalité réelle, un bonheur qui ne soit pas frelaté. C’est la plus grande force politique de toute l’histoire de l’humanité qui se trouve ainsi enfouie dans nos consciences.

Mais comment arriver à extraire ce minerai? D’abord en ne désespérant pas. Quand j’avais 24 ans, encore, je faisais du journalisme de combat sous le règne de ce qu’on a appelé « la grande noirceur », c’est-à-dire l’époque Duplessis. L’horizon de l’avenir semblait aussi sombre, sinon davantage, qu’il peut apparaître aux jeunes d’aujourd’hui. Et puis, tout d’un coup, tout a basculé, comme un pan de falaise qui s’écroule. L’âge doré de la révolution tranquille s’est mis à fleurir. Et nous avons aperçu que ce séisme était le résultat de tous les petits gestes et tous les combats apparemment perdus des décennies qui avaient précédées. Oui, la métamorphose est possible! Je l’ai vue une fois dans ma vie. Et nous l’apercevons peut-être encore avec ce qui se passe ces jours-ci dans le monde arabe. Je sais qu’il est permis de l’espérer même si on ne peut encore l’apercevoir comme probable.

Nous entrevoyons déjà quel en serait l’enjeu principal. Le défi le plus pressant qui confronte désormais l’humanité est en effet d’apprendre à gérer le désir, à pondérer nos appétits, à partager équitablement les ressources. C’est très simple, trop évident! Il apparaît tout de suite impossible de rêver que les grandes masses humaines des cinq continents fassent toutes en même temps le trajet intellectuel que je dessine ici devant vous.

Alors où trouver l’espoir dont je parle? De même que les religions fournissaient autrefois aux peuples qui les avaient générées des modèles de vie qui aidaient chaque personne à régler les arbitrages du quotidien, nous avons besoin de voir apparaître quelques grands et nouveaux mythes qui nous soutiennent aujourd’hui dans la tâche de régulariser nos comportements. C’est là que la culture peut nous porter secours. Je ne parle pas ici de la culture des arts et des lettres, mais de la culture humaine qui encadre nos vies. Cette culture est faite, toujours, de l’interaction quotidienne qu’entretiennent les êtres humains dans une société particulière. Or notre société particulière à nous, désormais, est mondiale. C’est à l’échelle de l’humanité entière qu’elle est en train de se réinventer. Les grands mythes qu’elle va générer seront faits de l’addition et de la confrontation de tous les choix, grands et petits, que chacun opère dans son quotidien. Il me semble que les générations peuvent et doivent se rencontrer dans ces interactions avec une détermination beaucoup plus consciente et résolue que par le passé. Car « si les petits ruisseaux font les grandes rivières » aime à dire mon ami Jean Carette, « les grandes rivières créent souvent des deltas qui font surgir et alimentent de multiples ruisseaux à leur tour». Et je le crois comme lui.

Il importe probablement de répéter ici que le rôle que nous appellerons l’État à jouer dans l’émergence de ces grands mythes ne saurait être sous-estimé. A travers ses divers acteurs, ses lois et programmes, ses priorités et ses orientations, il peut en effet contribuer puissamment à mobiliser des individus et en faire des acteurs sociaux positifs et socialement efficaces. C’est là en effet que l’amour doit aussi devenir politique.

Mais l’essentiel restera au niveau de la maîtrise du désir. Les personnes âgées en savent beaucoup là-dessus. Toutes leurs expériences de vie leur auront appris à la fois sa formidable puissance et le dérisoire de ses représentations. Il y a de toute évidence une sagesse qu’ils peuvent explorer et démontrer pour faire progresser la conscience collective. Les générations plus jeunes se retrouvent face au même défi avec en plus l’énergie de l’action et des réformes à opérer dans le concret des choses Ces énergies et ces consciences appellent à la jonction et à la conjugaison pour mieux aménager l’urgence de la réalité.

Nous avons mieux à faire que d’entretenir la guerre des âges. Nous avons une survie à assurer qui va requérir toutes nos solidarités. Comme on dit à propos de l’environnement qu’il faut penser globalement et agir localement, nous avons le devoir de ne pas désespérer devant l’immensité et la noirceur des
pronostics. Il faut entreprendre de poser dans le quotidien de nos vies tous les gestes grands et petits qui peuvent tendre à cette conjugaison.

Quand vous allez rentrer chez vous et que vous écouterez ce soir les horreurs quotidiennes du téléjournal, vous penserez peut-être que je vous ai tenu un propos bien naïf; mais si vous y réfléchissez ensuite pendant la nuit, vous verrez, je crois, que nous n’avons pas d’autre choix que celui d’essayer d’aider un peu les autres.

Merci d’espérer avec moi.

Fernand Dansereau

 

LA MÉMOIRE DES OBJETS

 

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Si c’était le printemps. Voilà ce qu’a voulu me rappeler cette fleur d’hibiscus qui a fleuri à deux pas de moi, dans mon petit coin d’écriture tremblantois. Elle l’a fait intentionnellement, j’en suis certaine, et cela, pour vous saluer, vous dire bonjour et bonne semaine.

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Ici, aujourd’hui, c’est le calme après la tempête, nous abandonnant dans un décor féérique, digne d’une carte postale. Les oiseaux sont revenus. Les arbres enrubannés de neige folle ont des allures de fêtes. Une splendeur!

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Julien, à petits pas, découvre la douceur de la vie de famille au refuge des aïeuls.

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Coïncidence ou pas, en aucun moment, j’avais songé, que dans quelques heures, on célébrerait la Journée internationale de la femme, lorsque j’ai brandi, de mon coffre aux souvenirs, cette petite machine à coudre reçue à l’occasion de mon sixième anniversaire de naissance, il y a de cela des Lunes.

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L’objet regorgeant d’anecdotes et de souvenirs, à mon grand étonnement, a connu un succès bœuf chez les gars, tandis que les filles, moins tournées vers les arts ménagers, expérimentaient allègrement l’intensité de la flamme du chalumeau.

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Témoin de ces images à croquer sur le vif, la grand-mère y trouve là un sujet d’émerveillement et de réflexion à partager.

SOUS DES CIEUX CLÉMENTS

 

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Pour oublier un moment la froidure de notre hiver qui fait des sienne, pour mieux rêver à des cieux plus cléments, je ressors cette photo souvenir d’un voyage en Tunisie, alors que nous roulions allègrement dans le désert, direction « Mer de sel ».

Si mon père avait été des nôtres, il nous aurait surement rappelé ce poème humoristique prodiguant chez lui un sourire merveilleux chaque fois qu’il le récitait :

 

Dans cet endroit détestable,

Plus utile que votre table,

Faites en sorte que la tinette

soit aussi propre que votre assiette.

LE MAC DONALD DES OISEAUX

 

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Youpee! Grâce à mon raccommodeur, non pas de faïence et de porcelaine, mais de cœur en peine, j’ai retrouvé l’usage de ma boîte à photos. Quel bonheur!

Pour célébrer le retour de la petite chérie (la boîte à photos) j’ai photographié le Mac Donald des oiseaux qui se gavaient à qui mieux mieux,  durant la tempête qui déferlait sur Tremblant, lui prodiguant une allure de carte postale..

Bonne nuit à tous.  Faites de beaux rêves