VIVRE OU LE BONHEUR TOUT COURT

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Il y a de ces bonheurs qui entrent en fronde, sollicitent votre accueil, s’emparent de votre espace-temps.

On sonne à la porte!  Quatre petites têtes à peine visibles de la fenêtre. Arthur, Ella, Charlotte, Laila. Vous ouvrez et le silence se retire. Les rires donnent le ton, inondent votre refuge, comme le soleil inonde tout ce qui vous entoure. Le temps d’une visite chez les bisaïeules.

Il y a de ces bonheurs, qui, comme l’eau  froide du torrent, vous glissent entre les doigts, vous ressourcent, vous revigorent.  Ces bonheurs tranquilles, vous les vivez au jour le jour, comme si de rien n’était. Comme s’ils vous étaient dus, vous les goûtez inconsciemment, machinalement et puis voilà.

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Il y a de ces bonheurs qui vous donnent des ailes. Tout au long de la semaine dernière, en ouvrant mon ordi., des gerbes de messages, tous plus chaleureux les uns et les autres, viennent enjoliver mon écran à l’occasion de mon anniversaire de naissance. Que de joie, que de bonheurs, ces « coucous », ces « j’aime », ces « j’adore » ces «joyeuses fêtes » qui résonnent dans  ma tête, soudent les liens d’appartenance, d’amitié, qui nous enveloppent et nous réchauffent. Merci, on ne dira jamais assez merci à vous.

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Il y a de ces petits bonheurs qui vous font craquer par leur fidélité à vous visiter. Un chevreuil qui vous regarde par la fenêtre, à l’heure où je vous adresse une note.

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  Cornou, ma corneille gourmande qui trempe son pain sec dans l’eau de la »rigole » avant de le déguster. Pas un jour ne passe sans que j’observe les prouesses de ma ménagerie, leur savoir-faire,  leur débrouillardise, leur instinct.  

Les bonheurs sont souvent forgés par les chagrins, les épreuves, les malheurs que l’on a surmontés oubliés, effacés.

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Ce 19 septembre 2017, aux bulletins de nouvelles, au moment où le Mexique vit un terrifiant séisme, les médias soulignent qu’en 1985, jour pour jour, un démoniaque tremblement de terre pulvérise le cœur de la ville de Mexico. La secousse aura durée 4 intolérables minutes, avec une intensité de 8.2 sur l’échelle de Richter qui compte 9 degrés.

Nous y étions, ce jeudi 19 septembre 1985, 7h18.

En même temps que la métropole se démantèle, on voit s’évanouir notre projet de congrès.

Nous sommes au cœur de la mégatropole du Mexique, ville hôte de notre V111e Congrès de l’Association mondiale de femmes journalistes et écrivains. Le congrès débute dans trois jours. 18 vice-présidentes et 22 pays ont répondu à l’invitation. 300 déléguées allaient être présentes. Le thème du congrès : « Haute technologie- clé de la réalisation du potentiel humain ».  Nous ne sommes qu’une poignée de congressistes (membres du Conseil d’administration) arrivées sur les lieux représentant toutefois les cinq continents. Il ne s’agit pas d’abandonner nos collègues mexicaines du chapitre hôte, cruellement éprouvées, mais de partager avec elles, jour après jour, ces moments chargés de douleurs et d’angoisse.

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Dimanche 22 septembre 1985, 11h00. Quatre jours plus tard, figées devant la grille qui nous sépare de l’hécatombe qu’est l’hôpital Juárez où sont ensevelis vivants des centaines de victimes, patients, infirmières et médecins, les larmes nous montent aux yeux. Le spectacle est déchirant. Nous n’avions rien imaginé de semblable, lorsque, près de nous, un militaire chuchote que l’on vient de sortir un premier bébé encore vivant. Merveille! L’espace d’une seconde, c’est l’allégresse. Miracle de la vie.

Une émotion ne vient jamais seule. Ce même dimanche, 22 septembre 1985, un télégramme provenant du Texas annonce ma nomination au poste de présidente de L’Association mondiale de femmes journalistes et écrivains.

Vivre, survivre, si c’était cela le bonheur…

« MON DIEU, QUEL BONHEUR D’AVOIR UN MARI BRICOLEUR »

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En train de m’évertuer depuis plus d’un  gros quart d’heure à vouloir essayer d’ouvrir le tiroir chauffant de la cuisinière pour y retirer ma casserole favorite. Arrivée à bout de patience, je décide de faire appel à l’homme de ma vie.  

La malheureuse enfouie trop rapidement et coincée de travers dans le réceptacle ne bronche pas d’un milimètre obstruant obstinément l’accès au tiroir.

Après quelques minutes de turbulentes tentatives effectuées sans succès par monsieur Solution, le même homme décide de prendre les grands moyens. Il m’explique de long en large, l’opération à venir : nous (vous avez bien lu). Nous, suppose que l’exploit se fait à deux. Nous glisserons la cuisinière hors de son entrave. Une fois au milieu de la place (J’ai immédiatement imaginé que nous allions pouvoir la secouer comme un prunier, figurant que le tiroir ouvrira par enchantement). Oubli monumental :le poids de la dame (pas le mien, celui de la cuisinière.) et les dimensions de sa masse cubique.  L’homme à solutions et son assistante (moi, la femme) ont beau renverser l’estropiée et la déposer, face contre sol (vous imaginez déjà le spectacle) pour retourner ce « surpoids » s’en dessus-dessous, puis d’un côté, puis de l’autre. Une cuisinière, pas moi, mais «la surpoids» ça devient lourd à la fin. Rien n’y fait. La divine casserole reste coincée, prisonnière de son tiroir.

L’objet de notre combat, tout bonnement affalé sur le plancher, le tiroir toujours aussi fermé est maintenant braqué vers le plafond de la cuisine pour une seconde fois. Sans peur et sans reproche, mon « réparateur » aguerri lance un : « je joue le tout pour le tout ». Ce qui équivaut à dire que la cuisinière risque de rendre l’âme sur-le-champ de bataille. Ce sont des outils de gros calibres, des outils de guerre dont nous avons besoin juste à évoquer la « barre à clous », laquelle croit-il, en viendra à bout. S’en suivent de la part de mon mécanicien, quelques malicieuses manœuvres dont j’ignore la portée. Au bout de ce branle-bas de combat, en dépit de tout, notre demoiselle s’en ressort malgré tout, entièrement opérationnelle et impeccable comme si de rien n’était.

Nous remettons la dame, comme il se doit, sur sa position de confort. Comme par enchantement, sans avoir eu à l’écorcher à coups de « crowbar » sans avoir eu non plus, le temps d’invoquer le Saint patron des cuisiniers, le tiroir a cédé aux emprises et la casserole délivrée, connaît son heure de gloire.

Les vainqueurs n’ont plus qu’à s’appuyer fermement ventres contre four et glisser lentement le « bétail » jusqu’à sa station d’origine.

Le miracle accompli, il suffit de rebrancher dans la prise de courant placée au mur, le câble ombilical de 220 volts attaché au dos de la cuisinière et de faire en sorte que ce dernier ne se retrouve pas sauvagement coincé.

L’embûche se cache maintenant entre le mur et la cuisinière (je ne parle plus de moi, ni d’elle, mais du câble).

Pour s’en assurer, mon spécialiste des causes difficiles décide une fois de plus, d’employer les grands moyens et d’aller voir à la source. Un pied sur un banc de fortune, la jambe droite qui s’étire pour s’agenouiller sur le comptoir de granit, prolongeant son corps d’athlète (J’exagère) jusqu’à parvenir à avoir la tête écrasée contre le mur, endroit stratégique pour vérifier la position de l’objet de malheur : l’illustre câble. Moi, je zieute l’homme rampant allègrement vers la cible, dans un effort soutenu de contorsions, allant jusqu’à oublier une seconde, la fragilité de la surface noir  de la céramique de verre de la belle dame (toujours pas moi) et inconsciemment, de s’accouder sur elle. Légèrement dit-il, après quoi.  C’en est trop! Un coup de fusil ou de tonnerre n’aurait pas fait plus d’éclat. Vous devinez la suite. Nous avons désormais un tiroir qui ouvre abondamment, hélàs, perdu cette admirable surface qu’offre la céramique de verre.

 Les vainqueurs sont ainsi vaincus.

Dans l’heure qui suit, monsieur Fixit à ses heures, notre Patrick, tient à rassurer son paternel : « Ne t’en fait pas papa, je te commande un dessus, je le pose et maman n’aura pas à se départir de sa meilleure aide de camp ».

Note : Je veux remercier du fond du cœur Sylvie, la très agréable tante de Claude, mon gendre. Sylvie, est responsable du plaisir que j’ai eu à rédiger cette note, après lui avoir confié n’avoir jamais osé publier sur mon blog, mon anecdote qui frôle le rocambolesque. Merci Sylvie !   

Photo: Dr Jean Turmel, petit-cousin par alliance et  l’homme de ma vie devant un merveille d’appareil photo datant des années 1880.