LA BRANCHE DE COUDRIER

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Ludovic annonce le mauvais temps

Pour une raison ou pour une autre, les 25 décembre, la GMW (grand-mère Walsh) reçoit un petit cadeau inattendu et quelque peu insolite. Cette année, sous le regard attentif de toute sa tribu, elle a reçu une «branche de coudrier», dont la fonction est de prédire le temps qu’il fera.  La petite branche (appelée aussi rameau ou baguette), est accompagnée des instructions de la pose et de sa fonction: lorsqu’elle pointe vers le ciel, elle annonce le beau temps. Vers le sol, que la pluie est en route.

Ce que vous ne savez pas? Depuis décembre, la merveilleuse petite branche offerte en mode « beau temps», est demeurée jusqu’alors, sagement inflexible dans son précieux emballage. Et elle la GMW, ce qu’elle ne sait  plus? Qui, de sa tribu lui a offert .  Elle a malheureusement égaré la jolie carte qui l’accompagnait, n’osant jusqu’à ce jour, l‘avouer à quiconque de la tribu.

Arrive le mois de mai et son dicton : «fais ce qu’il te plaît ». la (Miss météo), gratifiée du précieux objet fait appel à l’homme de sa vie qui, sans être un sourcier, a la boussole dans l’œil quand il s’agit de l’orientation des objets et des points cardinaux. La fenêtre désignée, pour prédire le temps qu’il fera sera donc, on l’a devinée, au-dessus de l’évier de la cuisine. Celle-là même qui répond aux critères d’installation : Dehors, à 2 mètres du sol, exposée à l’ouest ou au sud, visible de l’intérieur. Voilà!

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 Cette fois c’est le beau temps

Sous un ciel d’un gris anthracite, à la pluie battante, la fragile petite chose fut clouée, à l’extérieur, comme il se doit, sur le cadrage de la fenêtre (permettant, en tout temps, d’y jeter un œil et vérifier les hauts et les bas de cet objet de prédilection et, de prédiction en rapport avec les sursauts et regains du temps qu’il fera dans les heures à venir. C’est à rendre envieux les bulletins météo et ses prévisions.

« C’est magique grand-maman ta petite branche »

La petite branche en question fait revivre à la grand-mère, de fantastiques souvenirs vécus à l’occasion d’une randonnée à vélo à L’Île-aux-Coudres, d’où elle rapporta, justement, une baguette de coudrier, après avoir sauvagement passé par-dessus les guidons de son deux-roues et s’être retrouvée tête contre terre sur l’épaulement de la route de graviers pour avoir regardé ailleurs et non droit devant. Il fallait voir l’état pitoyable des coudes et des genoux de l’estropiée.

(Pour le plaisir, un peu d’histoire) l’Île aux Coudres, perpétuellement recherchée par les vacanciers, les sportifs  et les touristes, est  située au beau milieu du majestueux fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Baie-Saint-Paul dans la région de Charlevoix. Il est dit que Jacques Cartier en fit sa découverte un 6 septembre 1535. C‘est l’abondance des coudriers, arbre de la famille du noisetier, qui amena le fondateur de Québec à donner à ce refuge le nom d’Isle-aux-Coudres. C’est dans cette Île même que fut célébrée la première messe à l’intérieur des terres du Canada, le 7 septembre 1535.

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Dès que vient le printemps, on reconnaît le coudrier par ses branches couvertes de chatons jaunes d’où lui vient ce surnom d’arbre à chatons. On rapporte que les Amérindiens du début de la colonie étaient déjà familiers avec le coudrier, ses vertus et ses multiples usages. Sans doute les a-t-on transmis aux nouveaux arrivants. 

L’on raconte que de génération en génération, les insulaires de L’Isle-aux-Coudres, se font une fierté de prédire le temps qu’il fera pour une période de 24 heures et de transmettre à tout vent, cette sorte de  météorologie traditionnelle ou populaire. Détail passionnant : L’arbre lui-même, en rapprochant ses branches vers lui, réussit à conserver l’humidité près de son tronc durant les périodes d’ensoleillement. Il les dégagera lorsqu’il pleut, afin d’abreuver l’arbre de pluie tout autour de ce même tronc. On se rappellera que la branche de coudrier agit en fonction de la pression atmosphérique. Traditionnellement, elle demeure l’outil de prédilection des sourciers à la recherche de veines ou sources d’eau dans le sol.

Régnant en maître dans la fenêtre, faisant la pluie et le beau temps, attirant la curiosité, et l’intérêt de tout un chacun, le coudrier et ses multiples usages se situent dans «l’Inventaire des ressources ethnologiques du « patrimoine immatériel» Avouons qu’il serait temps pour la GMW de chercher opiniâtrement, parmi les siens, qui est l’auteur de ce fabuleux présent qu’est le baromètre patrimonial.

  • Le site internet et la page Facebook de « l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel » se veulent des outils de diffusion et de mise en valeur des pratiques culturelles du Québec qui sont inventoriées.