Hier, c’était Pâques. Pour moi, rien à voir avec ces Pâques de mon enfance, de ma jeunesse, fête précédée de ses dimanches des Rameaux, ses semaines saintes; ses chemins de croix, ses liturgies pascales, ses cloches revenues de Rome le samedi saint annonçant à toute volée la fin du carême. Pâques, avec ses chapeaux fleuris, ses bonbonnières, ses lapins et ses poules en chocolat.
Au refuge, cette année, Pâques prend l’allure d’une fête réinventée. La tribu entière est présente. Vingt-quatre cœurs à aimer, vingt-quatre bouches attablées.
Cette année, à cause de ma « patte folle » comme dit si bien Françoise la Comtoise, les rôles sont inversés. Tous offrent gentiment leur aide. Il faut voir la brigade dans la cuisine.
Au menu, les œufs bénédictine accompagnés de jambon à l’érable et à la bière, les fèves au lard au sirop d’érable, les pommes de terre dauphinoises, le rôti de porc et sa graisse de rôti et pour dessert le gigantesque lapin de Pâques en gâteau, fait main par Iseult, Fiona et William.
Cette année, l’homme, chez qui dort encore un gamin, réalise un rêve. Celui d’offrir à chacun de ses enfants et petits-enfants une toupie en bois, mais pas n’importe laquelle. Permettez que je précise.
Un jour, il y a des lunes de cela, ayant l’habitude de rapporter un souvenir dans ses bagages, le voyageur éprouve un «coup de cœur» pour une irrésistible toupie en bois.
Cinquante ans plus tard, voilà que le rêve de l’aïeul prend forme, le jour où il découvre chez un copain, adepte de ski et de golf, l’incomparable artisan qui crée des merveilles sur son tour à bois. Sans même se soucier de la réaction que pourrait susciter auprès de ses descendants en se voyant décerner un tel objet, il fait appel aux talents de l’artisan en question et grâce à lui, le jour de Pâques, le bon grand père offrira à sa «tribu » une toupie authentique à celle qu’il a conservée précieusement dans son coffre aux trésors.
Le moment venu, le magicien fait jaillir de sa boîte à surprises autant de toupies qu’il compte d’héritiers. La suite de cette merveilleuse histoire, elle est en photos. Jamais nous n’aurions imaginé que les toupies connaitraient autant de succès.
Pendant ce temps, la dame de la maison quitte la cuisine
pour s’adonner au plus beau métier du monde.
« Pâques c’est peut-être aussi croire à l’importance de notre existence et à la valeur des gestes que l’on pose. »