JARDINIÈRE, POURQUOI PAS?

Ce matin, j’ai passé à deux cheveux de postuler pour un emploi de jardinière chez le Grillon. Vous avez vu son jardin truffé de mauvaises herbes? Non, mais, c’est sérieux!
Après y avoir fait le tour, je suis allée faire le tour du mien. J’avoue que le mien n’est pas en beauté. La preuve? C’est tout ce qu’il m’offre de tulipes et encore, elles ont attrapé une gelée la nuit dernière. L’automne dernier, les écureuils ont déménagé ma provision de bulbes au pied de mon érable.

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Le cognassier, fidèle à lui-même, nous promet une belle floraison et des coings en abondance, que l’on ne mangera pas. Vous avez deviné? l’écureuil.

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Regardez la première fleur de mon cœur saignant, un peu timide, n’est-ce pas?

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Je ne peux pas ignorer notre rhododendron qui a survécu malgré les grands froids. C’est en juin qu’il fleurira. Il faut dire que je lui ai fait des menaces l’automne dernier. « Si tu ne fleuris pas le printemps prochain, je te rase la tête ». Je parle bien à mes chevreuils et aux oiseaux, pourquoi pas aux fleurs à l’occasion.
Continuez à me faire mourir d’envie avec votre printemps hâtif et vos magnifiques jardins en fleurs, vos lilas, vos muguets du premier mai, tandis que moi, je suis encore à dégager mes pauvres petits arbrisseaux encore frissonnants.
Non! À bien y penser, vaut mieux demeurer chez moi à bêcher, sarcler, planter, râteler. arroser, pour qu’un de ces quatre matins, je puisse vous émerveiller, en vous tendant la plus belle des fleur de mon jardin.

Un McDonald pour chevreuil

Aujourd’hui, le thermomètre a grimpé jusqu’à 25 C. Ce n’est pour autant le temps des lilas pas plus que celui du muguet. Il faudra patienter encore quelques semaines.
« Patience, patience dans l’azur, chaque atome de silence est la chance d’un fruit mûr » dirait Paul Valéry.

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C’est ce que fait mon rocher. Petit à petit, il reprend vie et se couvre de mousses de toutes espèces. Le lichen, plante aux mille vertus règne en maître au profit des chevreuils qui s’en gavent abondamment. Bientôt, ils se délecteront de bleuets puis de quatre-temps. Ce rocher est le McDo des chevreuils.

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En marchant, les yeux rivés au sol, pour voir poindre les jeunes pousses de sapins et d’épinettes, surprises! j’ai trouvé une balle de golf qui a dormi là, sous la neige.

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L’hiver, sa neige et sa froidure, ne sont pas loin derrière. La preuve? Voyez ce qui demeure de notre « or blanc ». Une trace, vestiges de la piste où avait lieu la coupe caribou qui a valu à notre tribu, les plus beaux plongeons acrobatiques qui soient.

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Bon dimanche à vous tous. Moi, c’est l’heure d’aller dormir sous la couette.

LES SOLDATS ET LEUR USINE DE SAVON

SUITE de « La savonnerie domestique » (revue Fermières 1942, édition épuisée) reproduit en février 1978 à la demande de nombreuses lectrices afin de répondre à un nouvel engouement pour le « savon du pays »
Au Canada, nous ne sommes pas sans revendiquer quelques glorioles dans le domaine « savon ». Ne voilà t-il pas que nos propres soldats fabriquent maintenant le savon domestique?
Dirigée par le sergent F.B. MacDonald fabricant de savon, une petite usine a été récemment montée à Victoria. On y prépare tous les savons nécessaires au camp.
Tous les déchets graisseux des repas sont employés. Le résultat? Une économie de $1,100.00 par mois, assurent les rapports militaires. Ces savons ne contiennent ni alcalin, ni produits de remplissages. Ils ne se détériorent pas avec le temps et renferment toute la glycérine naturelle. Dès qu’ils sont solidifiés, ces savons sont placés dans des chaudières, des boîtes à café, des moules de tous genres. Le succès de l’entreprise est tel, que les autorités songent à établir cette industrie aux camps de Petawawa, Borden, Valcartier, Debert et Sussex.
Mais les fermières ne concèdent pas pour cela la privauté de la tradition voulant que dans chacun de nos foyers villageois, le savon se fasse à la maison. L’économie qui commande tout en ce moment n’incite pas à négliger une vieille coutume si pratique.
Chaque recette préalablement éprouvée donnera un savon indispensable pour le nettoiement, le blanchissage, l`hygiène et même le luxe, puisqu’il suffit d’y incorporer quelques gouttes de parfum. Et alors ce sera votre plein droit de dire : « Là où je passe, j’aime que la vie sente bon ».
À ce bon conseil aux « ménagères 1942 », j’ajoute une autre recette d’un savon domestique pour le moins intrigante.
Prendre une tasse de gruau d’avoine, le faire bouillir dans huit tasses d’eau pendant 5 à 7 minutes et couler dans un linge clair.
Prendre une tasse de cette eau et y délayer 3 cuillerées à table de borax.
Prendre ensuite une autre tasse de la même eau et y délayer 2 cuillerées à table de sucre blanc.
Dans le reste de l’eau, délayer bien doucement à l’aide d’une cuillère de bois, une boîte de potasse (bien surveiller pour ne pas éclabousser).
Mesurer une tasse d’ammoniaque liquide, prendre 5 livres de graisse fondue et clarifiée, (graisse d’aliments accumulée) y ajouter une pinte d’eau froide pour que le résidu reste au fond du récipient. Retirer l’eau de la graisse en la laissant figer et la déposer dans un récipient de granit. La faire refondre mais sans bouillir. Y ajouter très lentement la potasse délayées dans l’eau, le borax, le sucre et l’ammoniaque. Bien brasser pendant 10 à 15 minutes. Verser dans un plat ou une boîte dont le fond sera recouvert d’un papier ou d’un linge blanc. Laisser refroidir et couper en morceaux.
Pour le savon de toilette, ajouter à ces ingrédients une demi-tasse de glycérine et du parfum au goût.
SUR CETTE NOTE SAVONNEUSE, JE VOUS SOUHAITE UNE TRÈS BONNE NUIT.

NOTRE SAVON DU PAYS

Notre Christian s’est fait passer un savon. Son aventure nous a valu une note fabuleuse et captivante. La lecture de ce récit m’a rappelé un article intitulé « La savonnerie domestique » (revue Fermières 1942, édition épuisée) reproduit en février 1978 à la demande de nombreuses lectrices afin de répondre à un nouvel engouement pour le « savon du pays »
« Nous jetons tous les jours la graisse des aliments et au prix que coûte le savon, peut-être pourrions-nous l’utiliser? Nous suggèrent-elles.
Présentons-le: c’est le savon domestique dont la couleur, pour ne pas être d’un ivoire luisant, rattrape une autre parenté. Il ressemble à s’y méprendre au beau pain de sucre du pays.
Oh! L’odeur des premières vapeurs n’a rien de quoi en imprégner nos mouchoirs : mais la graisse, les résidus graisseux, les déchets gras sont déjà assez humiliés d’être ce qu’ils sont sans rappeler leur relent. L’air finira bien par tout absorber. D’ailleurs, ne cuit-on pas même les fleurs pour en extraire l’exquise essence du parfum? Si nous respirions, au moment de la cuisson, l’émanation des éléments chimiques mêlés à la rose, au jasmin, au lilas, etc., notre nausée suffirait à ruiner le commerce des parfumeries. Heureusement, on n’en sait rien, si ce n’est que la chimie a des mystères qu’il vaut mieux ne pas scruter pour que notre foi dans la fleur soit intacte.
Chimistes? Mais elles l’étaient elles aussi, nos grands-mères qui faisaient bouillonner les graisses pour en retirer le savon dont elles nous ont laissé le secret. Ne cuisaient-elles pas également dans l’eau des fontaines la luzerne qu’elles écrasaient ensuite et pétrissaient? Pour le savon de toilette, elles ajoutaient aux graisses épurées quelques gouttes de lavande, un peu de thym, de serpolet, de musc, de safran et parfois l’aloès qui préservait des puces. La cendre de bois fournissait aussi un excellent savonnage. Rien ne dément le fait que les connaissances de nos aïeules n’aient été un héritage des Gaulois mêmes, auquel on attribue le mérite d’avoir découvert la propriété d’un savon préparé avec de la cendre et le suif. Un peu plus tard, les élégantes du temps utilisaient, pour teindre leurs cheveux en blond, un savon domestique. Et un médecin du IVe siècle parle, dans ses mémoires, d’un savon noir fait au foyer et répandu jusque chez les Arabes, pour le service du blanchissage.
Savon domestique (savon du pays)
25 livres de matières grasses
04 livres de résine
04 livres de lessive caustique (caustic)
04 chaudières d’eau (chaudière de 20 livres)
2 à 3 livres de gros sel (cette quantité peut varier d’après la qualité des matières grasses employées).
Façon de procéder :
Mettre l’eau dans un chaudron de fer, la faire chauffer. Ajouter la lessive, la faire dissoudre et ajouter les matières grasses et la résine. Faire bouillir jusqu’à ce que le mélange fasse des fils en soulevant la palette de bois (qui sert à brasser) puis, ajouter lentement du sel (2 livres environ) en mettant le sel, le mélange caille, alors brasser lentement et parfaitement, laisser bouillir. La lessive vient alors à la surface et fait des petites bulles granulées. Ajouter encore peu à peu quelques poignées de sel. Brasser et laisser cuire jusqu’à ce que la lessive se répande claire sur toute la surface du savon (cette opération prend parfois une heure et même plus) le savon est alors cuit à point. Retirer immédiatement du feu et laisser refroidir. Il est bon de brasser lentement une couple de fois au début du refroidissement. Découper. Un beau morceau de savon a en dessous une surface appelée « écaille de poisson ».
On peut mettre 5 à 6 livres de résine et on obtiendra une plus grande quantité de savon.
Il sera plus foncé, mais très bon tout de même.
Pour un savon de toilette, ajouter à ces ingrédients une demi-tasse de glycérine et du parfum au goût.
À SUIVRE :Des soldats de l’armée canadienne fabriquent leurs savons domestiques.

À L’EAU LES HÉROS

Le samedi de Pâques, pour la onzième année consécutive, Mont-Tremblant présentait la « coupe caribou ». » Il s’agissait, pour les intrépides skieurs, d’arborer un déguisement original; de dévaler la pente à vive allure et d’amerrir sur les eaux glacées d’une piscine de 75 pieds de long, improvisée pour la circonstance; de traverser celle-là, allègrement, sans trop se mouiller; d’atterrir ensuite sur la neige ferme et de poursuivre la course jusqu’au bar « le p’tit caribou » en se faisant asperger et abreuver tout le long du parcours.
Je ne pouvais résister à la tentation de vous faire voir, en pleine action, les quatre participants de ma tribu qui furent loin de marcher sur les eaux. Voici un aperçu des amerrissages en question.

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Excellente skieuse, ma petite-fille Tanya a franchi admirablement l’obstacle

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Mon fils Patrick a fait sensation sur son monoski. Victoire pour lui aussi.

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Mon petit-fils Guillaume dans une position fort inconfortable avant de se retrouver tête première sous l’eau.

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L’amerrissage triomphal de Monika se passe de commentaire.

FONCTION À VENIR: ARRIÈRE-GRAND-MÈRE

Avant de vous souhaiter bonne nuit et de beaux rêves, je vous annonce que je deviendrai, rien de moins, qu’une arrière-grand-mère. Si Dieu me prête vie, évidemment.

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Au déjeuner du dimanche de Pâques, alors que la tribu est au complet (19 à table) Éric, notre petit-fils et Caroline (les mariés du mois de mai passé) nous annoncent la venue de leur premier chérubin.
La nouvelle nous transporte. C’est l’euphorie. La joie est au comble. Je deviendrai donc une valeureuse arrière-grand-mère. Avouons que ça ne rajeunit pas celle qui vient tout juste de remiser ses skis pour sortir ses bâtons de golf. Vaut mieux se tenir en forme et se faire des bras pour bercer le trésor tant désiré.
Quand j’y pense! C’est l’homme de ma vie qui va devenir un arrière-grand-père…

POUR PÂQUES DES COQUILLES D’OEUFS « MADE IN TAIWAN »

« VOIR LE MONDE DANS UN GRAIN DE SABLE ET L’UNIVERS DANS UNE FLEUR »
William Blake (1757-1827)

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Que pourrait dire William Blake à propos d’un univers dans une coquille d’œuf?
À l’aide d’un bistouri entre ses doigts habiles, sous un œil perçant, au travers d’une puissante loupe de joaillier, Kuan Chun-mai transforme les surfaces ovées blanches, en chefs-d’œuvre miniaturisés.
« Ce n’est pas rare qu’une pièce me demande plus de quarante heures » nous dit Kuan Chun-mai. « J’ai très souvent trouvé, au dernier moment, un petit défaut peu visible. Il me fallait alors la détruire avant d’avoir même le temps de le regretter. »
Les techniques qu’emprunte l’artiste exigent une dextérité et une patience exemplaires. « J’ai crevé au moins mille œufs avant de parvenir à graver ma première coquille. »
La coquille est d’abord gravée à l’eau forte, alors qu’elle est encore vivante, c’est-à-dire avec son jaune et son blanc à l’intérieur. Le dessin tracé, l’artiste perce un trou minuscule dans la coquille et utilise une tige très mince pour en aspirer l’intérieur. Puis, il entreprend de graver finement toute la coquille à la pointe du bistouri.
« En gravant des coquilles d’œufs, je veux exprimer la beauté la plus exquise de la culture chinoise et dire au public que l’on peut faire des choses qui généralement paraissent irréalisables. »
Kuan Chun-mai explique en terminant que chaque gravure sur œuf révèle la façon qu’il a de voir le monde. Tantôt il exprime son amour pour la famille, tantôt son culte pour son Pays.

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Extrait d’une entrevue réalisée en 1988, à l’occasion d’un premier voyage à Taiwan.

LÀ OÙ JE VIS

Sans doute à cause du vent, du froid et du printemps qui tarde, hier, j’ai fait une pause et griffonner ce qui suit en écoutant tomber la pluie.
Chez moi, il y les murs couverts de livres
Là-bas, il y les fenêtres et l’art de vivre
Chez moi, il y a le passé et ses souvenirs
Là-bas, il y a l’inconnu devant son avenir
Chez moi, il a les fleurs, les arbres, le jardin
Là-bas, il y a la montagne, la rivière et les matins
Chez moi, il y a les trottoirs pavés d’illusions
Là-bas, il y a les sentiers chargés d’émotions
Chez moi, il y a les saveurs, les odeurs et les refrains
Là-bas, il y a la brise, les parfums, les murmures lointains
Chez moi, il y a les âmes qui sommeillent
Là-bas, il y a les regards qui s’éveillent
Chez moi, il y a le miroir de ma vie
Là-bas, il y a le reflet de ce que je suis

(Quand je vous regarde vivre)