LE CANARD DE BOIS

 

Grâce à vous et à Héraime et à l’exposition pour la fête de Chalain, ce déploiement de talents me fait penser au très beau message de l’écrivain Louis Caron, livré en hommage aux artisans,  lors d’une entrevue qu’il m’accordait à l’occasion de la parution de son œuvre « Le canard de bois ».

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« Plus nous avançons dans le cours de notre civilisation, et plus le geste de fabriquer à la main un objet unique prend de sens.  Ce n’est pas que nous manquions de moyens pour produire à la chaîne des machines efficaces et je ne veux nullement nier l’apport considérable des sous-produits du pétrole à notre confort quotidien.  Cependant, chaque fois qu’un artisan se penche sur l’objet de sa création, il fabrique un barreau de l’échelle que nous entendons dresser à l’assaut du mystère de la vie.

Ceux et celles qui ont conservé le sens religieux, croient que la flamme d’une petite lampe allumée en temps opportun dans un endroit convenable, peut constituer un moyen efficace de se maintenir en rapport avec l’au-delà.  Les autres misent sur les loteries, l’astrologie ou les résultats sportifs pour atteindre les mêmes fins, qui sont celles du dépassement de sa condition quotidienne. Mais dans un cas comme dans l.’autre, chacun confie à des objets – lampions, billets, carte du ciel ou chandail numéroté – une valeur de représentation de ses aspirations.

Mon père qui se voulait grand chasseur, est mort en emportant dans sa poche une pièce de cinq cents déformée par l’impact d’une balle de ’22 en son centre.  Quand j’étais enfant, il sculptait pour moi des petits paniers dans des noyaux de pêches.  Et pourtant cet homme ne pouvait être rangé dans la catégorie des superstitieux notoires. Mon père cherchait simplement à baliser le cours de sa vie de signes familiers auxquels se référer en toute circonstance.

II en va de même des artisans.  Chaque fois qu’un homme, qu’une femme consacre toutes ses énergies à fabriquer l’objet unique, le monde s’éclaire d’une signification nouvelle. Une trace, un signe, sur la paroi du jour et c’est comme si on entendait un souffle, un cri : « je vis, j’ai vécu ».

Il aura fallut que le véhicule spatial Challenger explose en plein vol quelques secondes après son départ, pour qu’on mesure l’envergure de l’entreprise.  Comment voulez-vous, dans ce contexte, qu’on oublie pas facilement ce qu’a pu coûter d’efforts et d’intensité la courbe, le poli, l’angle, le reflet ou la finesse de tel ou tel objet.

Pour ma part, c’est pour cette même raison que je conserve sur mon ordinateur, un vieux clou rouillé, un clou carré fabriqué à la main par un forgeron, un clou que j’ai trouvé en retournant la terre de mon jardin.  Dans le contexte de mon écriture, ce clou me rappelle que les mots s’enfoncent un à un dans la page, avec toute la ferveur du geste de l’artisan ».

 

 

 

FRAGILITÉ DES LENDEMAINS

J’aime partager avec vous, mes p’tits bonheurs, mes « coups de cœur », la photo d’une fleur frileuse, d’un oiseau au travail, d’un sentier en broussailles. J’aime célébrer l’importance et la valeur de ces moments privilégiés et gratuits qu’apporte la vie de tous les jours.

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Jeudi, dans le refuge du cerf, le feu et les flammes ont entièrement détruit une magnifique résidence.

Contrairement à mes habitudes, j’ai envie de partager avec vous des images qui en disent long et remettent en question la fragilité des lendemains.

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Une heure, il n’en faut pas plus, pour réduire en cendre, qui sait : le fruit d’années de labeurs, le projet d’une vie, une retraite cachée, vous abandonnant béat, figé, devant un rêve interrompu.

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Un jour, j’ai eu à poser la question : « En cas de désastre, si vous deviez abandonner d’urgence votre chez-vous et apporter une seule chose, que choisiriez-vous? Sauf quelques exceptions, tous répondirent : mes photos.

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HEUREUSEMENT QU’IL Y A LES FLEURS

À lire les journaux et à entendre ce qui se dit et ce qui se passe les lendemains d’élections, on en vient à penser, comme le citait Capus : que la politique est devenue une simple spécialité parlementaire. Ce n’est plus l’art de gouverner un État, mais celui d’être élu député ou ministre.

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Premier souffle de notre printemps tumultueux. Elles sont timides mes tulipes, mais sincères .