UN TROU DE MÉMOIRE

 Une chanson que ma mère chantonnait quand j’étais petite, met revenue ces jours-ci. J’imagine qu’elle était inspirée du très beau poème de Maurice Rollinat. Il y avait un refrain que je ne retrouve pas et qui évoquait: « Les beaux jours en dépit du temps qui nous grise ». Il se terminait par « aux derniers parfums de la brise. »  Je me rappelle très bien de l’air alors j’aimerais retrouver les mots du refrain. Je vous parle des années 1935-45. Ouff!

2-L1040110.JPG

 

Paysage d’octobre

Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la vierge ;
Et le vol des martins pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.

Les arbres se sont rabougris,
La chaumière ferme sa porte,
Et le joli papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle,
Et l’hirondelle, en sanglotant,
Disparaît à l’horizon pâle.

Maurice ROLLINAT (1846-1903)  

 Bon dimanche et excellente semaine     

UN RÉVEIL GIVRÉ

 

1-L1010918.JPG

Mais peut-être demain le grand flambeau des cieux

Fera fondre les Fleurs du givre racieux,

Et tout ce vaste éclat de prodige et de rêve

Devra s’évanouir comme la lueur brève

D’un espoir qui, parfois illuminant nos jours,

Brille quelques moments et s‘éteint pour toujours.

3-L1010919.JPG

 
 Le Givre (extrait)

Poésie de William Chapman

LE BONHEUR ET L’HORTENSIA

DSCN3181.JPG

J’ai descendu dans mon jardin…pour y cueillir…l’hortensia.

Arbrisseau du Japon dit aussi rose du Japon et hydrangée au Canada.

Cultivé comme plante d’agrément, il est importé en Europe dans les dernières années du XV111e siècle et dédié à Hortense Lepeaute.

Moi, je préfère dédier ces quelques fleurs d’hydrangée à Framboisine.

Comme promis, je livre le très tendre et très joli poème de Marie Noël. Je vous ai dit que je le recherchais depuis plus d’un an à cause

d’un « pied de trop ». J’ai trouvé le poème en question, le pied également ( je répétais : « si tu veux que je le chante » plutôt que : (s’il faut que je le chante). Le croirez-vous, cette fois le titre n’y est pas. Si j’ai bonne souvenance c’est « Le bonheur ». 

 

Donne-moi du bonheur s’il faut que je le chante,

De quoi juste entrevoir ce que chacun en sait,

Juste de quoi rendre ma voix assez touchante,

Rien qu’un peu, presque rien, pour savoir ce que c’est.

 

Un peu – si peu! – ce qui demeure d’or en poudre

Ou de fleur de farine au bout du petit doigt,

Rien, pas même de quoi remplir mon dé à coudre…

Pourtant de quoi remplir le monde par surcroît.

 

Car pour moi qui n’en ai jamais eu l’habitude,

Un semblant de bonheur au bonheur est pareil,

Sa trace au loin éclairera ma solitude

Et je prendrai son ombre en moi pour le soleil…

 

Prête-m’en…Ne crains rien, à l’heure de le rendre,

Mes mains pour le garder ne le serreront pas,

Et je te laisserai, Seigneur, me le reprendre

Demain, ce soir, tout de suite, quand tu voudras…

 

Marie Noël