CE MATIN, CE QUE JE VOIS…

 

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Un matin de semaine sainte. Pluvieux. Il faut dire que la nature fait son œuvre. Les timides bourgeons aux branches des bouleaux jaunes remplacent les gouttes d’eau déposées par une pluie abondante. Les dernières nappes de neige disparaissent à vue d’oeil. Ce matin, l’imperceptible montagne est emmitouflée dans son brouillard. Un temps de semaine sainte dirait-on.

Ce que je perçois avec un certain sourire, « quel bonheur, quelle chance »! c’est ma biche roupillant, qui a bien le droit de se reposer, Son faon à ses côtés, sur la baleine, comme l’appellent les moussaillons. Cette énorme plaque de granite, prolongement du rocher. Témoin de tout ce qui se passe au refuge. Là où l’on s’allonge pour regarder le ciel, le beau temps, les étoiles. Là, d’où l’on zieute la montagne pour voir le temps qu’il fera. Là où l’on se retrouve après avoir trop ri ou trop joué.  Ce dimanche, la baleine réchauffée par un soleil généreux nous rassemblera, nous offrira sa douce chaleur réconfortante, vivifiante. Ce sera Pâques, ce sera notre printemps.

JOYEUSES PÂQUES À VOUS TOUS,

DE LA PART DE NOTRE TRIBU.

MON POISSON D’AVRIL

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Le soleil se lève à l’horizon. Pas vous! Vous n’êtes pas encore levé. Avant même d’ouvrir les yeux pour regarder le temps qu’il fera, déjà vous vous creusez les méninges. « Qu’est-ce que je pourrais bien trouver de drôle, de pas méchant, pour leur faire courir le poisson d’avril, cette année encore? Évidemment c’est de votre tribu et de quelques amis qu’il s’agit.

Depuis toujours, vous adorez faire courir le poisson d’avril. Vous avez passé outre une seule fois et ils ont tous craint que vous subissiez un malaise. Considérant votre grand- âge, ils seraient encore plus inquiets si vous omettiez de leur faire courir cette année.

Le téléphone sonne! Vous répondez. C’est l’un de vos deux fils au bout du fil : « As-tu reçu un appel des pompiers? » 

Non! 

Pour éviter le choc ou que vous tombiez dans les pommes, il tempère en ajoutant calmement : « Il semblerait qu’il y a le feu au bureau. Pour temporiser un peu plus il ajoute : J’y vais immédiatement et je te rappelle une fois sur place.»

Le seul mot que vous trouvez à dire : « d’accord! ». Et vous fermez.

Ce n’est pas ce que vous pensiez entendre en décrochant l’appareil, en ce premier avril.  Avant même d’avoir le temps d’annoncer la nouvelle à l’homme de votre vie, allongé à vos côtés, qui a tout entendu et songe déjà à se rendre sur les lieux, le téléphone sonne à nouveau. C’est le même fils, qui a l’air de rire aux larmes, arrivant à peine à vous dire,  tellement c’est drôle, « poisson d’avril! Tu devais bien t’en douter ».

Il vous a eue encore une fois.

C’est l’arroseure arrosée ou presque…