Une tige interminable, quelques feuilles, une minuscule fleur qui regarde la lumière, un fruit à peine perceptible (la pièce de monnaie). Voilà ma seule et dernière lunaire: Lunaria Rediviva,( lunaire vivace).Affectueusement appelée: monnaie-du-pape.
La présence au bercail de cette jolie plante, appréciée des fleuristes, remonte à1958. En se propageant allègrement, elle a tôt fait de régner en maître à l’époque. Pouvez-vous croire que depuis plus de soixante ans, fidèlement, ma «monnaie-du-pape » de la famille des crucifères occupe une place de choix dans l’espace « jardin d’autrefois » composé de cœurs saignants, d’hortensias, de lanternes chinoises et d’hémérocalles.
Cette année, à mon grand étonnement, je n’ai retrouvé qu’une seule lunaire en fleurs et en feuilles qui a survécu aux assauts de l’hiver. «Je me dois de sauvegarder et protéger la petite chérie, porteuse des éphémérides de la tribu. Il en fallut de peu pour que ma «résiliente» disparaisse à tout jamais. Un souvenir vieux de 60 ans, que m’offrit Évelyne, ma voisine. En ce temps-là, le printemps venu, les nouveaux arrivants que nous formions dans le patelin, échangions de jeunes plants ou des graines de semence pour enjoliver rocaille, jardinet, platebandes.
Ma lunaire déracinée, « esquintée » dans le transport vers le refuge, allant jusqu’à perdre sa tête fleurie, n’est plus qu’une longue tige dépouillée de ses atours.
Morale de l’histoire! Il m’aura fallu voir surgir ce petit souffle de vie. Cette toute petite chose obstinée à occuper sa place au soleil, pour que je me réapproprie le temps qu’il faut, un temps qui n’a pas son pareil pour vous adresser une note, vous raconter et vous rappeler que je pense à vous tous.
Je vous souhaite un agréable mois d’août en perspective.