Déjeuner qui s’éternise pour mieux revivre et savourer les petits bonheurs que distille ce « temps » des Fêtes.
Ce matin, même la neige prend son temps, en saupoudrant les arbres. Geais bleus, mésanges, sittelles, pic-bois, tour à tour, nous font un petit coucou et s’approvisionnent de graines déposées dans les « boîtes à fleurs » suspendues aux fenêtres qui donnent sur la montagne.
Il est beau ce matin d’hiver. Il est doux de le vivre!
La table n’a plus le faste de la veille. Les chandelles sont éteintes, après avoir laissé couler quelques larmes sur la nappe d’apparat. Sur le comptoir, vestiges abandonnés et porteurs d’éclats de rire : bouteilles de Vouvray qui ont rendu l’âme, coupes de vin à moitié vide, trace de foie gras dans les assiettes. Là, au pied de l’escalier qui va à l’étage, tendresse d’un jouet du bambin endormi. Sur le fauteuil, présence d’une mitaine orpheline et oubliée. Sur la table du salon, un livre ouvert qui invite à l’évasion. De la cendre dans l’âtre. Odeurs de tourtières et de ragoût qui persistent dans l’air et rappellent les traditions jusqu’au réveil. Une crèche, au pied de l’arbre indiquant le passage de petits doigts curieux de toucher le Jésus, tandis que la Marie dort dans la boîte à soulier.
Ce matin, le silence gagne à l’entendre. Il est chargé de la présence des absents.
Permettez, il faut que je vous dise. Tard, très tard, hier soir, premier de l’an, juste avant d’aller dormir, nous avons eu, l’homme et moi, le plaisir de voir « Second Regard », émission attendue et appréciée. Était abordé un sujet de circonstance : « Amour et Paix » rejoignant justement le message du Nouvel An que Paul V1 livrait au monde entier en 74 à l’occasion de l’Année internationale de la Paix. « La civilisation doit enfin se libérer de l’antique maxime trompeuse qui, depuis Caïn, a survécu et est toujours à l’œuvre. « L’homme est un loup pour l’homme”. L’homme d’aujourd’hui doit avoir le courage moral et prophétique de s’affranchir de cette férocité innée et en arriver à la seule conclusion possible, l’idée de la paix, comme étant essentiellement naturelle, et nécessaire, juste et donc possible. »
Durant cette heure truffée de réflexions provenant de penseurs qui ont marqué le siècle dernier, est relaté un extrait d’un monologue de l’incomparable Sol qui remet en question le devoir d’aimer son prochain. « Qui est son prochain, demande l’artiste, pour répondre aussitôt: “son prochain c’est le suivant, mais on ne nous a jamais dit d’aimer le suivant. Et alors,celui qui habite ailleurs, le lointain…» Plus tard durant l’émission, on donne la parole à une fillette d’à peine sept ou huit ans qui, selon moi, s’en tire à merveille en affirmant: “Il faut aimer tout le monde et même ceux que l’on aime moins.» C’est à y penser…
Il est temps que je retourne à mes oignons. Je déposerai une bûche de bois d’érable dans le foyer pour l’entendre crépiter. Mais avant, je vous réitère mes bons vœux, cette fois, à la façon de notre irremplaçable ami, Yvon, en vous souhaitant : « Bonne et Heureuse Année et la santé jusqu’à la fin de vos jours”. J’aime sa formule.
.