Ce texte je l’ai rédigé en 1974, à la suite d’un accident de ski qu’a eu l’homme de ma vie. Pour vous faire rire ou réfléchir, je vous le livre tout entier. J’ose ajouter que, trente-trois ans plus tard, je n’en pense pas moins.
À QUOI SERVENT LES MARIS?
« Comment peux-tu arriver à faire autant de choses… mener de front chacune des nombreuses tâches avec le même intérêt, le même entrain et le même amour? » me demandent mes amis et connaissances.
En guise de réponse, je me contente de hausser les épaules et parfois d’ajouter : « Je ne sais pas. Je ne me pose même pas la question ».
Sept jours après l’accident de ski de mon mari, je sais désormais comment j’ai pu mener de front ma vie familiale et ma carrière.
Depuis la chute de mon acrobate, je ressens une fatigue inaccoutumée à l’heure du coucher. Je n’arrive plus à faire l’essentiel. Je n’ai plus le temps ni l’énergie d’entreprendre des projets nouveaux. Ce n’est sûrement pas la présence de mon estropié ni les quelques soins que je lui prodigue qui perturbent à ce point ma petite vie organisée. Que m’arrive-t-il?
J’ai observé mes allées et venues durant une journée. J’ai alors constaté l’aide discrète et soutenue qu’il m’apporte, ce que je n’ai pas ces derniers temps. J’ai l’impression d’être seule pour achever toutes les tâches.
D’habitude, le matin, nous faisons notre lit ensemble. Nous tendons les draps chacun de notre côté. Au souper, il m’aide à dégarnir la table et à ranger les choses. Il nous reste plus de temps pour siroter un bon café. Il prend soin des enfants aussi bien que moi. Il les conduit au lit, moi je les borde. Le soir, nous faisons ensemble la tournée de la maison. Nous peinturons, réparons et bricolons ensemble.
Il m’aura fallu cet incident fâcheux pour m’apercevoir qu’avec les années, à notre insu, nous avons développé un précieux réseau d’entraide. Nous échangeons constamment des services, nous partageons nos tâches réciproques afin de nous dégager plus rapidement de certaines corvées.
Je comprends maintenant pourquoi je n’ai jamais craint de prendre des responsabilités en dehors de mes occupations familiales. N’est-ce pas justement grâce à cette sorte de coopération de la part du mari que certaines femmes arrivent à vivre deux fois plus?
Janvier 1974
Publié dans le magazine Fermières que je venais de fonder six mois plus tôt.
2 commentaires sur “À QUOI SERVENT LES MARIS?”
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Bonjour
Le sens de l’humour de ta note me plait beaucoup. C’est un peu l’histoire du pâté d’alouette au cochon. Tu prens une alouette pour faire un pâté, tu ajoutes la viande d’un cochon ! Tu fais les 9/10 ème du travail, le mari le reste et quand il n’est plus en état de l’accomplir , te voila toute perdue !
Allons, quand je partais en voyage, ma douce moitié faisait tout le travail du ménage, mais quand il m’arrivait de rester allité, le ménage passait au second plan. Comme tu le disais dans une autre note, elle me tenait longtemps la main.
Mais je n’ai jamais dit que la réciproue n’était pas vraie !
Amicalement
Le grillon heureux, qui s’est une fois démonté une jambe au ski.
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J’ai beaucoup apprécié la description concernant l’ascenseur , car ma moitié souffre du même mal , alors je comprends ! Merci pour cette description de la tour en 39 secondes . Chapeau pour l’exploit ! Je suis trés heureux de découvrir ton site .Avec toute ma sympathie .
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