Vous êtes au travail. Au téléphone, c’est le jardinier paysager, celui qui a pris soin d’aménager votre terrain, de planter les arbres, d’entretenir votre pelouse et à chaque printemps, de voir à redonner vie à ce petit monde qui enjolive votre bercail durant l’été. Il a vu la pancarte devant votre maison annonçant qu’elle est à vendre.
Il s’explique mal que vous ne l’ayez pas prévenu avant de faire affaire avec un agent immobilier. Il vous aurait fait une offre valable. Acheter votre maison l’intéressait.
Un deuxième appel, cette fois de votre voisine. Elle veut savoir ce qui se passe. Pourquoi voulez-vous déménager? Elle s’inquiète, veut savoir ce qui ne va pas. Elle vous reproche à son tour de ne pas lui en avoir annoncé tout bonnement vos intentions.
Puis, au tour d’une amie qui demeure à deux coins de rue. Toujours la même question. Pourquoi as-tu mis ta maison en vente? Tu ne l’aimes plus. Tu nous quittes. Pourquoi ce secret et tout à coup une pancarte. On vous soupçonne de cacher vos intentions.
Vous avez beau vous évertuer pour les convaincre que votre maison n’est pas à vendre, que c’est impossible qu’il y ait une pancarte, que, loin de vous l’idée de partir après 36 ans de bon voisinage. Tous vous répètent la même chanson. On vous reproche votre geste. Que fait la pancarte alors?
Vous ne pouvez plus vous concentrer, travailler. . Votre office est à cinq minutes de votre maison. Vous décidez d’aller vérifier de visu si, véritablement, il y a une pancarte et si? quel agent de malheur a fait erreur.
La « malvenue » est bel et bien là, plantée sur le talus. Vous voilà déboussolée. Quelqu’un s’est trompé. Vous avez beau ne pas croire ce qui arrive, vous éprouvez quand même un « petit » état de choc. Au même moment, Lawrence, votre malin de fils attendant en vainqueur ce moment sublime vous rejoint sur votre portable pour vous dire : Poisson d’avril! Il avait tout machiné avec les uns et les autres pour monter le coup. Même l’homme de votre vie jouait le jeu. Pour une fois on peut dire que « l’arroseure est arrosée ».
Dessin de Tanya offert à son grand-papa en 2005
Ce matin du premier avril 2011, une fois de plus, vous ferez courir le poisson d’avril à ceux que vous aimez.