Je voulais partager avec vous, la splendeur de ce bouquet d’amitiés.
Comment faire lorsque l’on est clouée sur son fauteuil avec la permission de se déplacer péniblement et uniquement en marchette, pour les besoins essentiels?
De la chaise au lit, appareil photo à portée de main, en position d’équilibre, je parviens à monter un petit décor pour la photo. Le plaisir qui m’envahit me fait oublier ma malheureuse précarité. Je m’enthousiasme. Les yeux rivés sur l’ensemble floral, « clic-clac » dirait Françoise. Je « shoot » abondamment pour reprendre l’expression de l’observateur nature en train de capter le vol de l’épervier. « Attention! prudence » me rappellerait le Grillon. Ravie du résultat de ce premier exploit de l’éclopée, me revient en mémoire l’Ode à Cassandre de Pierre de Ronsard pour l’avoir récitée au temps de ma jeunesse folle.
Mignonne, allons voir si la rose…
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.,
Las ! Voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! Ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard ne se doutait pas, que quelqu’un, un jour prendrait soin de la vieillesse, avec de miraculeux petits pots de crème.



