LE MASSACRE DES DIX COMMANDEMENTS

La semaine dernière, quelqu’un m’a demandé de lui réciter les 10 Commandements.
Voulait-il mettre ma mémoire à l’épreuve? Plutôt que de penser de la sorte, je me suis dit qu’il devait être à la recherche de l’un des 10 commandements comme je l’avais été un jour et la question m’a ramenée à une anecdote que je vous livre à l’instant
« On devrait d’abord enseigner la base, quand je dis la base, je pense aux dix commandements ».
Cette affirmation, lancée spontanément par une participante, devant l’assemblée générale d’une association de parents, réunie pour évaluer la qualité de l’enseignement religieux dans nos écoles, suscita une réaction inattendue dans l’auditoire.
« Cette intervention au sujet des dix commandements me revient à la mémoire » dis-je à mes deux compagnes. Je voulais ainsi rompre le silence qui risquait de faire sombrer dans le sommeil la femme au volant (moi en l’occurrence) et mes deux accompagnatrices.
« Qui de nous trois peut réciter d’un trait les dix commandements de Dieu? »
La question eut le don de nous revigorer et de trouver la route moins longue.
Il y avait bien le premier commandement : Un seul Dieu…et le neuvième, l’œuvre de chair… qui remontaient constamment à la surface. Mais pour les autres, il fallait nous entendre bafouiller,
Quel désastre pour trois « croyantes », convaincues de les connaître par cœur, pour les avoir appris jadis, sur le bout des doigts, et combien de fois répétés comme des perroquets.
Arrivées à bon port, nous n’avions pas eu assez des deux cent cinquante kilomètres entre la vieille capitale, Québec et la métropole, Montréal. Au moment de nous quitter, nous en avions finalement récupéré neuf sur dix. Lequel pouvait bien manquer à l’appel? Dieu seul et Moïse le savent.
Le lendemain et les jours suivants, chacune de nous prit un malin plaisir à éprouver la mémoire des membres de nos familles, de nos amis et connaissances dans le but de retrouver le pauvre oublié : notre commandement manquant (comme le chainon).
« Il me manque un des dix commandements, vous pouvez m’aider à le trouver? »
Étonné de la question qui déclenchait à coup sûr un sourire moqueur, chacun y mettait toute son âme, sûre de s’acquitter de la question avec brio.
L’instant de vérité n’allait jamais tarder. C’était immanquablement le même fouillis.
Le « massacre des dix commandements » n’aurait pas été exagéré comme titre de l’exercice.
L’énigme persistante, ma mère qui avait conservé précieusement, le fameux « catéchisme du Diocèse de Québec, œuvre de Mgr de Saint-Vallier – 1702 » nous promit de faire une fouille minutieuse pour mettre la main sur le trésor et nous éclairer sur le sujet. Le ciel l’en épargna puisque, le jour même, elle croisa le vicaire de la paroisse qui faisait sa marche de santé quotidienne. (Si le ciel a épargné ma mère de sa recherche, ma mère n’a pas épargné l’auguste vicaire. Le pauvre s’embourba à son tour, marmonnant à plusieurs reprises le premier et le neuvième commandement. Il avait beau implorer le Seigneur, le trou de mémoire demeura béant.
La seule personne ayant échappé à ma question fut ma voisine, une gracieuse petite dame, anglophone et de religion juive. Le dimanche suivant, il nous manquait toujours un commandement. Nous voyant très occupés à effectuer des « œuvres serviles », ayant été mis au courant (par qui? seuls Yahvé ou l’autre voisine pourrait le dire) attrapa mon fils au passage : « Si par hasard ta maman n’a pas encore trouvé son commandement, dis-lui que c’est précisément le troisième, celui qu’elle ne pratique pas aujourd’hui »

8 commentaires sur “LE MASSACRE DES DIX COMMANDEMENTS

  1. Coucou ensoleillé et froid de Comté !
    Mais oui c’est bien sûre et comme par hasard c’est celui que tu ne pratiquais pas ce dimanche . Quel temps as-tu chez toi toujours de la neige ? Ici dans nos montagnes de Franche-Comté la neige soleil et très froid mais peut être pas tant que chez toi ( à voir sur mes notes ) .
    Bizoux Françoise !

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  2. Bonjour Pierrette,
    J’aurais été bien en peine de les retrouver, moi aussi. Ils sont d’ailleurs très voisins dans bien des religions. Aucune ne permet les assassinats, les vols, et autres bagatelles !
    J’assimile cela plus à des règles de vie en société qu’à la parole d’un Dieu.
    Un grillon incroyant.

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  3. Que de souvenirs!
    Moi qui ait tant bûchée pour les apprendre, étant à la petite école.
    Je me revois, assise à la table de la cuisine avec maman qui me les faisait réciter. Mais comme j’ai toujours eu beaucoup de difficulté à mémoriser les choses, je pense qu’aussitôt les examens terminés, j’oubliais.
    Je me suis quand même prêtée à l’exercice.
    Peine perdue.
    J’ai dû me résigner à fouiller dans mes tiroirs à la recherche de mon « Petit Catéchisme ». Eh oui, j’ai gardé ça.
    Quels « douloureux » souvenirs d’avoir dû apprendre toutes ces questions et réponses par cœur!
    Merci quand même, c’est toujours agréable de se souvenir.

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  4. il en est des dix commandements comme de la liste des 7 saint patrons de la Bretagne : oubliés aussi vite qu’appris …
    de tout manière , qui les applique ? et pour certains, quel est aujourd’hui la pertinence de certains ?
    amitiés
    béatrice

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  5. Amusante ton histoire des 10 commandements dont peu se souvienne, j’en suis sûre…Mais ton paysage de neige est si beau que je ne peux qu’admirer…Mais le froid doit être intense chez toi, pas trop difficile de le supporter???
    Je suis frileuse…alors je me renseigne!!!
    Bises
    hélène

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  6. Ayant été élevée sans religions … te suis d’aucun secours.
    J’aime bien ton histoire et surtout ton petit faon qui est maintenant en pleine forme.
    Garde toi bien au chaud, bises
    Biche

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