À BORD D’UN 747

 

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Ingrate page blanche qui vous coupe l’appétit et vous empêche parfois de dormir. Le quotidien est souvent avare d’inspiration : routine, temps gris, absence d’émotion vive, d’éclat de rire. Si bien, que vous n’avez rien à dire et pourtant vous aimeriez faire un petit brin de causette sur votre blog.

Il vous revient une anecdote à la mémoire, et pas la moindre.

La scène se passe à bord d’un 747.

Votre sac à main est sous le siège avant. Votre ceinture de sécurité bouclée. Vous êtes confortablement enfoncée dans votre fauteuil légèrement incliné.

Depuis cinq bonnes minutes déjà, l’oiseau d’acier vous porte en douceur vers une destination qui vous promet mer et monde. Vous êtes au septième ciel.

Soudain, le commandant de bord interrompt votre rêverie pour vous souhaiter la bienvenue, vous informer de la durée du vol, de l’altitude pendant la traversée, du temps qu’il fait à destination, de l’heure d’arrivée, etc.  La voix est douce, calme, jeune. Du coup, vous avez un léger sursaut en découvrant, ce qu’on ne vous a pas dit avant le départ (pourquoi l’avoir fait d’ailleurs, ce n’est pas dans les habitudes) que le pilote est une femme.

Il y a belle lurette que vous militez pour que les femmes aient accès aux métiers non traditionnels. Ce n’est donc pas le moment de vous étonner. Pas plus qu’il n’est question de laisser « échapper » un « Ah! Mon Dieu ». Il y en a bien d’autres qui le feront à votre place. Exemple : le bon monsieur de la rangée voisine qui,  pour se montrer drôle ou pour calmer sa peur adresse à qui veut l’entendre :

« Heureusement qu’il y a des hommes à bord! »

De plus en plus de femmes se dirigent vers des métiers non traditionnels, cependant que la réaction des passagers et les propos tenus vous amènent à penser :

« Combien seraient montés à bord, sans un petit pincement au cœur, sachant que le pilote était une femme? ».

Bonne nuit,

DES TOUPIES À PÂQUES

Hier, c’était Pâques. Pour moi, rien à voir avec ces Pâques de mon enfance, de ma jeunesse,  fête précédée de ses dimanches des Rameaux, ses semaines saintes; ses chemins de croix, ses liturgies pascales, ses cloches revenues de Rome le samedi saint annonçant à toute volée la fin du carême. Pâques, avec ses chapeaux fleuris, ses bonbonnières, ses lapins et ses poules en chocolat.

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Au refuge, cette année, Pâques prend l’allure d’une fête réinventée. La tribu entière est présente. Vingt-quatre cœurs à aimer, vingt-quatre bouches attablées.

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Cette année, à cause de ma « patte folle » comme dit si bien Françoise la Comtoise, les rôles sont inversés. Tous offrent gentiment leur aide. Il faut voir la brigade dans la cuisine.

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Au menu, les œufs bénédictine accompagnés de jambon à l’érable et à la bière, les fèves au lard au sirop d’érable, les pommes de terre dauphinoises, le rôti de porc et sa graisse de rôti et pour dessert le gigantesque lapin de Pâques en gâteau, fait main par Iseult, Fiona et William.

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Cette année, l’homme, chez qui dort encore un gamin,  réalise un rêve. Celui d’offrir à chacun de ses enfants et petits-enfants une toupie en bois, mais pas n’importe laquelle. Permettez que je précise.

Un jour, il y a des lunes de cela, ayant l’habitude de rapporter un souvenir dans ses bagages, le voyageur éprouve un «coup de cœur» pour une irrésistible toupie en bois.

Cinquante ans plus tard, voilà que le rêve de l’aïeul prend forme, le jour où il découvre chez un copain, adepte de ski et de golf, l’incomparable artisan qui crée des merveilles sur son tour à bois. Sans  même se soucier de la réaction que pourrait susciter auprès de ses descendants en se voyant décerner un tel objet, il fait appel aux talents de l’artisan en question et grâce à lui, le jour de Pâques, le bon grand père offrira à sa «tribu » une toupie authentique à celle qu’il a conservée précieusement dans son coffre aux trésors.

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Le moment venu, le magicien fait jaillir de sa boîte à surprises autant de toupies qu’il compte d’héritiers. La suite de cette merveilleuse histoire, elle est en photos. Jamais nous n’aurions imaginé que les toupies connaitraient autant de succès.

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Pendant ce temps, la dame de la maison quitte la cuisine

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pour s’adonner au plus beau métier du monde.

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« Pâques c’est peut-être aussi croire à l’importance de notre existence et à la valeur des gestes que l’on pose. »

VAUT MIEUX RIRE QUE DE PLEURER

Ce matin, serait-ce la grisaille du ciel, l’absence de la neige fondue trop rapidement, un brin de froidure indiqué sur le thermomètre, vous ne sauriez dire, mais en attrapant votre « marchette » à la levée du lit, vous la ressentez devenir un boulet, enfreignant votre légitime liberté.

Plus tard, debout, face à l’ingratitude du « miroir », loin de vous renvoyer un sourire,  projette le visage d’une personne que vous refusez de reconnaitre. Déçue, vous détournez le regard pour apercevoir la sempiternelle « chaudière » qui vous sert de tabouret sous la douche.

Comme par miracle, vous vous souvenez d’une tante, très mondaine, qui possédait une «vanité » sorte de trésor de petit meuble surmonté d’un joli miroir devant lequel, s’assoyait la dame pour se faire une beauté. Il y avait là, des flacons de parfum, des petits pots de crème, des peignes, des brosses à cheveux, des épingles magnifiques pour retenir le chignon, des rouges à lèvres, des ombres à paupières, des fards à joues. En admirant ce décor de princesse, vous rêviez de posséder un jour, une semblable « vanité ».

Ce n’est pas aujourd’hui que vous allez sombrer dans la morosité. Devant le comptoir de votre salle de bain métamorphosé en  « vanité de fortune »,  vous vous assoyez triomphalement sur votre précieuse « chaudière » et sous vos yeux ravis, la chrysalide devient papillon. Puis, une fois les dix-sept marches descendues allègrement, le sourire fendu d’une oreille à l’autre, vous lancez à votre « aidant naturel » qui vous accueille les bras ouverts. « Que dirais-tu si je t’invitais au resto? » Vous voilà en route, escortée de votre galant,  incluant fauteuil roulant et « marchette. »

Après tout, n’est-il pas mieux de rire que de pleurer.

 

Québécisme le nom marchette (« déambulateur ») constitue une expression particulière au Québec.

VIVRE À DEUX…

Vous avez ri aux larmes et vous riez encore…

Le bulletin de nouvelles passé, toujours aussi lugubre et grisâtre, vous annoncez à votre « aidant naturel » (tâche attribuée par les fonctionnaires provinciaux à celui ou celle qui prend l’autre en charge. L’autre est le proche et non le prochain. Celui des deux qui a perdu momentanément son autonomie physique.) Dans ce cas-ci, «  l’aidant », c’est l’homme de votre vie. À ce titre, « pour le meilleur et pour le pire », avait précisé le bon curé au moment de bénir votre union.

« L’aidant naturel » a une fonction non rétribuée et non syndiquée et pas nécessairement qualifiée. Il (l’aidant) est selon sa description de tâches, en disponibilité, le jour et la nuit, les samedis et dimanches et les vacances aussi. Souvent jusqu’à épuisement ou jusqu’à ce que mort s’ensuive. Vous exagérez, mais « l’aidant naturel » n’en pense pas moins.

Assez d’éloges envers « l’aidant naturel ».  Passons à l’autre. L’autre qui ignore tout de la lévitation et continue à rejoindre, sur le « fessier », l’étage que vos amis appellent amoureusement: le septième ciel.

« Ha! ce qu’on est bien! » Pensez-vous, libérant votre engin (la marchette) qui ne vous quitte pas d’un pas, pour vous laisser tomber sur la couette invitante à souhait.

Têtes sur l’oreiller, avant de sombrer dans un sommeil réparateur, vous avez l’habitude de vous raconter des choses, des anecdotes, de revivre les bons moments de la journée, à l’occasion, d’évoquer un souvenir lointain. Soudain « votre aidant naturel » recroquevillé en chien de fusil, se met à imiter le bruit sourd du paquebot qui quitte le port. Puis, recommence. Le vrombissement sourd s’intensifie, Il réajuste la note, l’amplifie. Auditrice silencieuse, vous riez dans votre barbe. Au quatrième départ du bateau qu’il imite, vous éclatez de rire. Vous voilà prise d’un fou rire. Vous en venez à rire aux larmes. Pliée en deux, presque étouffée de rire vous lui demandez : Cette fois, quel est ce nouveau paquebot qui quitte le port?

Vous avez bien ri. En regardant votre « loup de mer-aidant naturel », du coup, il vous vient à la mémoire le Lai du Chèvrefeuille de Marie de France. À bien y penser, vous vous dites :

« Ainsi va la vie, ni lui sans moi, ni moi sans lui. »

LES MOTS POUR LE DIRE…

 

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Machu Picchu, un désir réalisé.

« Il ne t’est jamais donné un désir sans que te soit donné le pouvoir de le rendre réalité. »

Ces jours-ci, je m’accroche à cette « affirmation » de Richard Bach.

Aujourd’hui, on dirait un temps de printemps. Bientôt, les érables couleront et ce sera le moment de les entailler. « Le temps des sucres ». On nous annonce des températures de “redoux ” une sorte de dégel hâtif pour la semaine prochaine. La tribu est sur skis et s’en donne à cœur joie.

Je ne vous répéterai jamais assez que vos commentaires sont mes petits bonheurs quotidiens. À ce propos, parlons de la chaudière, puisqu’elle a soulevé l’intrigue. Remarquez qu’au moment d’écrire ma note, j’ai eu une sorte de petite gêne, sachant que la chaudière avait prioritairement une fonction qui se rapporte au système de chauffage.

L’autre “chaudière ” la mienne,  expression courante et usuelle chez nous, est tout bonnement un seau. Ce récipient cylindrique muni d’une anse servant à transporter des liquides ou diverses matières. La chaudière fait partie de nos objets domestiques. Elle a mille et un usages. On transportera volontiers une chaudière d’eau. Remplie de terre, on y plantera un jeune arbre. Les savons à lessive, les détergents sont souvent vendus dans des chaudières de 20 livres. Au printemps, quelque part au Québec, on “ramassera ” des “chauiéres ” d’eau d’érable quand ceux-ci couleront à “siau ” (Québécismes).

Ne disposant pas d’un tabouret dans mon refuge, je ne me voyais pas vous avouer que pour prendre ma douche, il me faille m’asseoir sur un seau. Il me semble que la « chaudière de 20 livres » a des allures tellement plus exotiques.

Bon dimanche et profitez bien de vos deux jambes pour célébrer le temps qui passe.

LA DAME À LA CARTE


Février le frileux, sans éclat avec son visage de carême. Février l’entre-deux, sans les milles bougies du « temps des fêtes » et sans les jonquilles du temps pascal.

Hier soir, avant de sombrer dans le sommeil, je pensais à l’histoire de cette vieille dame enveloppée dans sa solitude qui téléphonait chaque semaine le pharmacien pour qu’on lui livre certaines petites choses et aussi une belle carte de souhaits qu’il fallait, selon ses recommandations expresses, choisir avec beaucoup de soin.

À la pharmacie, on supposa que cette cliente avait un très grand nombre d’amis pour expédier ainsi, une telle quantité de cartes jusqu’au jour, ou sans le vouloir, elle dévoila aux yeux du livreur un amoncellement de cartes de souhaits, celles-là même qu’elle se faisait livrer.

La dame qui n’attendait plus personne dans la vie avait déniché quelqu’un à attendre « sur commande ».

Février, n’est-il pas aussi le mois, de la « Saint-Valentin ». Une lettre, une carte que vous n’attendiez pas, qui arrive comme ça, par un matin de brume, une enveloppe que l’on ouvre fébrilement pour y lire un « je pense à toi ».

Joyeux weekend à tous!

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GRAND-MÈRE ÉMUE

 

En avril dernier, pour obtenir son droit de passage au 3e dan (niveau) en Karaté, William, ceinture noire, devait définir ce que représente son implication et sa vision des arts martiaux.

La grand-mère émue et impressionnée de la réflexion de son petit-fils lui a demandé la permission de la partager.

 

IMG_0803_1.jpgMON IMPLICATION ET MA VISION DES ARTS MARTIAUX.

William Walsh

8 avril 2011

 

Il y a douze ans, j’entrais pour la première fois dans le dojo de l’école de Karaté sportif Shorin-Ryu de Sainte-Rose, ville de Laval. Messieurs Martin, Cantin et Giroux furent mes premiers instructeurs. Grâce à leur patience et leur dévouement, ils ont réussi à me transmettre leur passion pour le Karaté.

C’est toujours avec plaisir que je me rends à mes cours de Karaté. La pratique de ce sport m’a permis de développer ma confiance, mon estime et ma persévérance.

Faire du Karaté m’a permis de surmonter des épreuves qui encombraient mon chemin.

J’ai appris à me défendre d’une manière plus efficace qu’une personne de mon âge qui n’a jamais fait d’arts martiaux. Ces qualités me seront aussi utiles tout au long de ma vie. Car, je crois important de se donner des buts et de persévérer jusqu’à leur réalisation. Ces qualités se retrouvent aussi dans mon cheminement scolaire. Je suis un des plus forts de mon niveau au collège.

La pratique des arts martiaux m’amène à me surpasser. Jamais je n’aurais cru devenir ceinture noire 3e dan à l’âge de 16 ans. C’est en me donnant des défis que j’ai réussi à atteindre l’excellence de la ceinture noire et celle plus grande de: 3e dan.

Je crois sincèrement que les arts martiaux nous guident vers une recherche de l’excellence personnelle. Ils nous apportent une autosatisfaction chaque fois que nous atteignons notre but. Pendant mes examens précédents, j’ai ressenti plusieurs sensations telles: la fierté, la confiance et de la détermination.

Je veux devenir une meilleure personne. En développant ma force et ma forme physique, je travaille mon pouvoir de concentration.

Étant étudiant, je ne me suis jamais beaucoup impliqué dans le Karaté en dehors de mes cours. À mes débuts, j’ai fait quelques compétitions, mais, ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait de poursuivre.

J’aimerais continuer le Karaté et m’impliquer davantage en devenant aide-moniteur. Tout comme mes premiers instructeurs, je pourrai transmettre mes connaissances et mon plaisir pour le Karaté.

Une fois mon droit de passage au 3e dan atteint, je viserai encore plus haut pour devenir plus fort, tout en mettant le cap sur le 4e dan.

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Mots d’enfants

 

Sonia mon adorable enseignante de belle-fille, communique très souvent avec sa « BMW ». Il ne s’agit pas de cette voiture de luxe qui roule à grande vitesse, mais plutôt de sa « Belle-Maman Walsh ».

Voici cette jolie note qu’elle me faisait parvenir.

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Définition d’un GRAND PARENT? (d’après les enfants d’une classe de 8 ans) :

Les grands-parents, c’est une dame et un type qui n’ont pas d’enfants eux-mêmes. Mais ils aiment beaucoup
les enfants des autres.

Un grand-père c’est un bonhomme, et une grand mère c’est une dame!

Les grands-parents ne font rien d’autre que nous attendre lorsque nous venons les voir . Ils sont
tellement vieux qu’ils ne peuvent pas courir ou jouer à des jeux où on se pousse un peu. Mais c’est drôlement bien lorsqu’ils nous conduisent à des boutiques de bonbons.

Quand on va se promener avec eux ils ralentissent toujours pour nous montrer des feuilles mortes ou des
chenilles.

Ils nous montrent des fleurs, nous parlent de leurs couleurs et nous demandent de ne pas marcher sur des
choses qui craquent, mais ils ne disent pas , « Dépêche-toi. »

Habituellement les grands-mères sont grosses mais ça ne les empêche pas de nouer nos lacets de chaussures .

Ils portent des lunettes et des sous-vêtements très bizarres.

Ils peuvent enlever leurs dents avec leurs gencives.

Les grands-parents n’ont pas « à bien   se conduire ».

On peut leur demander des questions comme’Pourquoi Dieu n’est pas marié?’ ou « Pourquoi les chiens courent
après les chats ? »

Lorsqu’ils nous lisent des livres,   ils ne sautent pas des lignes. Et si on leur demande de nous relire la
même histoire, ils ne disent rien.

Tout le monde devrait avoir une grand-mère, surtout si vous n’avez pas de télévision parce que ce sont
les seuls adultes qui aiment passer du temps avec nous.

Ils savent qu’il faut que nous ayons  un petit goûter avant d’aller nous coucher, ils disent les prières
avec nous et nous embrassent même si ça a mal été.

…Et celui-là, âgé de 6 ans a qui on demandait où sa grand-mère vivait.   »OH, elle vit à l’aéroport, et
quand on veut la voir, on va la chercher. Et lorsque la visite est finie, on la ramène à l’aéroport. »

Grand-papa c’est l’homme le plus gentil de la Terre! Il me montre des tas de trucs, mais je ne le
verrai jamais assez pour devenir aussi calé que lui !

C’est drôle parce que lorsqu’ils se penchent , on entend des fuites de gaz , et ils disent que c’est le
chien .

 

 

 

 

LA VIEILLESSE

Un tout petit clin d’oeil avant d’aller dormir.  Vous avez certainement déjà lu cette note mais elle est tellement belle que nous pouvons la relire et à mesure que le temps avance, elle est de plus en plus réaliste.

La vieillesse vue par Philippe Noiret

Il me semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.

A noter aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis: je dois loucher pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous.

Il est ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix – ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien.

Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant. En outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les attraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive.

Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre.  

Le temps même change. Il fait froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui.

Les gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air plus poli que nous ne l’étions ; plusieurs d’entre eux m’ont appelé « monsieur » ; il y en a un qui s’est offert à m’aider pour traverser la rue.

Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce que l’on est convenu d’appeler un certain âge, mais est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée. Au bar de l’université, ce soir-là, j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu.

 

OÙ SONT SES LUNETTES?

 

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Comment passer sous silence le séjour au refuge de la sœur de Boby , par conséquent, belle-sœur de l’hôtesse. Vous vous souvenez? C’est la Floridienne octogénaire qui « bouffe » des kilomètres, parcourant la belle province dans tous les sens, sous prétexte que c’est sa dernière fois.

Ce matin, oubliant son grand âge, nous avons pensé qu’elle avait besoin de se dégourdir les jambes. Nous l’avons donc entrainée, allègrement, dans le sentier de la Chouette qui nous mène à la Diable, notre rivière préférée. Une bonne heure aller-retour d’embûches et de montagnes russes.

Aidée d’un bâton de pèlerin, je pensais à vous, tout en marchant attentivement pour ne pas trébucher sur une souche ou glisser sur une roche mouillée.

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La preuve? Je vous ai cueilli des bleuets, petits, mais gorgés de soleil.

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Je vous offre ce que je crois être une splendeur : un chardon en fleur.

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J’aurais souhaité vous adresser une note sur cette écorce de bouleau.

« Où sont mes lunettes? » Je ne vous parle pas du livre fantastique de Nicole de Buron. Je vous parle de ma belle-sœur qui au retour de notre randonnée, une fois déchaussée et assise sur le divan, s’écrit d’une voix de tragédie grecque : où sont mes lunettes? La question est lancée. La pèlerine doit reprendre la route dans une heure. Elle n’a pas ses lunettes. Devant le fait accompli, Colombo, dans sa sagesse coutumière propose à ses deux acolytes un : retournons à la rivière (60 minutes aller-retour) ajoutant du même souffle la question classique :

« Où penses-tu les avoir perdus? »

Il n’en fallut pas plus pour que j’éclate de rire.

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Dommage! Au bout du compte, nous n’avons pas trouvé les lunettes, mais j’ai cueilli un arbre pour vous. Je le planterai en souvenir de la bloguinade 2011 et de la visite de ma belle-soeur Mabel.